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Notre Loge

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 18:40

 

La première fois que j'ai vu un drone, c'était il y a 5 ou 6 ans, à Autrans, lors de la Foulée Blanche des enfants. Juste avant le départ, une sorte d'araignée noire métallique s'est élevée dans le ciel et son bourdonnement conséquent fut rapidement couvert par les cris de joie des enfants qui levaient leurs bâtons pour le saluer. Le soir, à la télé régionale, j'ai vu les images saisissantes prises par ce robot volant. A l'époque, je me suis dit que c'était l'outil idéal pour les R.G., à la fois pour quantifier une manifestation et pour en identifier ses membres.

J'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour la défense de la vie privée sur internet et dénoncent les pratiques de google, facebook et consorts. Et c'est tant mieux. Mais je dirais que lorsqu'on se sert d'internet ou même de téléphones portables, on se doute bien que le réseau gardera des traces exploitables par les publicitaires dans le meilleur des cas ou la NSA, en accord avec les services de renseignements de différents états. C'est une sorte de servitude volontaire, surtout quand on apprend que les concepteurs de systèmes de cryptage y incluent des failles délibérées. D'ailleurs, les truands ne s'y trompent guère : ils utilisent d'autres modes de communication.

Mais j'entends peu de voix pour exiger une législation encore plus contraignante sur les drones.

La France est le seul pays d'Europe à avoir légiféré au printemps 2012, sur les drones et ce de manière assez restrictive, à propos des drones civils.

En terme juridique les drones sont des «aéronefs civils qui circulent sans aucune personne à bord ». Le terme de drone vient, cela ne vous étonnera pas, de l'anglais et signifie « faux bourdon ».

Un drone peut être, soit programmé à l'avance pour faire son vol en totale autonomie, soit piloté à distance par un chef de projet, en principe contrôlé par un deuxième pilote si le drone est pourvu d'un appareil photo ou d'une caméra (du moins en France). Les deux personnes doivent posséder la partie théorique du diplôme de pilote d’Ulm. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les fabricants de drones sont aussi prestataires de service, en fournissant l'ensemble du « système ». Car un drone ce n'est pas simplement l'objet volant (plus ou moins grand, plus ou moins autonome), c'est aussi le système de communication avec la base (souvent satellitaire) et bien sûr le système d'analyse et de pilotage. Ces systèmes drone civils doivent être homologués par l'aviation civile. En France, il y a à peu près 400 systèmes déclarés.

 

Les drones civils sont conçus pour des tâches très variées. En général, le drone est utilisé en remplacement de l'hélicoptère : cela coûte moins cher et il n'y a pas de pilote susceptible d'être en danger. Cela peut aller de la recherche en montagne (avalanches, chutes), à l'inspection des lignes à haute tension EDF, des bétons des barrages et des centrales nucléaires, des panneaux photovoltaïques des centrales solaires, de la détection des incendies, de l'inspection des voies ferrées en passant par la prise de vue aérienne (espionnage, sécurité, immobilier) et l'épandage de traitements chimiques en agriculture. Au départ, extension robotisée de notre œil, le drone deviendra d'ici très peu de temps extension de notre main en apportant une bouée de sauvetage au naufragé en mer.

Il faudra veiller scrupuleusement à la protection de la vie privée et au droit à l'image.

 

Parlons maintenant des drones militaires.

Les armées ont toujours voulu savoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la colline ou de la montagne afin de mieux se préparer au combat ; elles ont surtout toujours rêvé d'infliger des revers à l'ennemi en limitant leurs propres pertes. C'est ainsi, qu'en 1849, les Autrichiens bombardent Venise insurgée à l'aide de ballons portés par le vent. La guerre de 14 engendre le développement par l'Angleterre, les États Unis et la France des premiers avions sans pilote. On peut dire que les V1 allemands sont des quasi-drones. Mais le grand démarrage des drones militaires a eu lieu pendant la guerre de Corée et celle du Vietnam : observation, largage de tracts à des fins de guerre psychologique. Les drones ne transportent pas encore de bombes.

L'observation par les drones est plus efficace que l'observation intermittente par les satellites. Les drones, équipés de gyroscope, ont toujours une caméra horizontale, souvent thermique, ce qui permet de repérer des soldats camouflés, et surtout, il peuvent faire du « tracking », c'est à dire suivre des convois ou des individus.

C'est en 2001, que le tout premier « Predator » américain lâche des bombes en Afghanistan.

En 2000, l'US Air Force possède 50 drones. Aujourd'hui, elle en a 7500, ce qui correspond à un tiers de sa flotte. Et, comble de l'ironie, c'est Barak Obama, titulaire du prix Nobel de la Paix, qui en a développé l'utilisation massive. L'US Air Force les utilise dans les champs de bataille. Mais beaucoup plus grave, c'est que depuis 2004, la CIA est chargée des « assassinats ciblés » que ce soit au Yémen, au Pakistan, en Somalie ou en Libye. Ces opérations n'ont même pas la reconnaissance officielle des États Unis. En mai 2012, le New York Times a révélé l'implication personnelle de Barak Obama dans l'élaboration des « kill lists ». La contestation parlementaire américaine a été telle que Barak Obama a été obligé de s'exprimer sur le sujet. Je cite le journal Le Monde :  Le président, tout en reconnaissant que l'usage des drones pose de "profondes questions" - de"légalité", de "morale", de "responsabilité ", sans compter "le risque de créer de nouveaux ennemis" -, l'a justifié par son efficacité : "Ces frappes ont sauvé des vies.".

Une ONG britannique révèle le nombre de victimes de ces frappes, autour de 2200, et montre que beaucoup de victimes sont des victimes civiles dont des enfants. Malala Yousafzaï, la jeune pakistanaise qui a reçu le prix Sakharov a été reçue récemment à la Maison Blanche. Elle dit : "J'ai (...) exprimé mes inquiétudes au sujet des attaques de drones qui alimentent le terrorisme".

 

 

Israël est l'autre pays qui se sert des drones de combat pour tuer ses ennemis. Le programme de drones israélien remonte à la guerre du Kippour pendant laquelle 200 pilotes israéliens ont été tués.

Au dire des organisations des droits de l'homme situées dans la bande de Gaza (Amnesty International et HRW), sur les2269 Palestiniens tués entre 2008 et 2013 par Israël , 911 l’ont été par des drones. 300 enfants parmi les victimes civiles.

L'information sur l'utilisation des drones par Israël est très verrouillée et les journalistes israéliens sont obligés de passer par les média occidentaux. Internet est très pauvre sur la question.

Israël est le premier pays exportateur de drones, devant les États Unis. D'ailleurs, si vous voulez acheter un drone de combat, vous avez accès très facilement à toutes les entreprises israéliennes qui les vendent et à leur site web.



Le 18 novembre dernier, le Ministre de la Défense iranien a dévoilé le tout nouveau drone fabriqué par son pays. Il s'agit du drone Fotros, quia un rayon d'action de 2.000 kilomètres et peut voler à une altitude de 25.000 pieds avec une durée de vol de 16 à 30 heures. C'est dire qu'il peut transporter des missiles au dessus d'Israël.

Les guerres ont toujours permis des avancées technologiques, car les états sont enfin prêts aux financements nécessaires à la recherche scientifique et technique. Et je le déplore. Mais là, pour moi, la coupe est pleine. J'étais déjà révoltée par les fameuses frappes chirurgicales de la première guerre du Golfe, je le suis encore plus par l'assassinat organisé, sans aucun contrôle démocratique et en dehors de tout cadre légal.

En occident, maintenant, on veut pratiquer des guerres propres, sans blessés, sans morts à rapatrier. Les morts sont tous du même côté. Les morts de là-bas sont morts parce qu'ils avaient l'air de contester, parce qu'ils sont des soldats, ou parce qu'ils auraient pu devenir des soldats. On tue de façon préventive, même si ce n'est pas toujours le cas. C'est la guerre asymétrique. C'est une guerre amorale, si tant est qu'il existe une moralité dans la guerre. Mais les mêmes qui ont dénoncé l'utilisation des gaz chimiques en Syrie souhaitent doter la France de drones de combat plus performants que ceux qu'elle a déjà.

Prenez le temps de regarder ''C'est pas sorcier'', Arte Future sur les drones, faites une recherche sur le site du Monde et sur Wikipedia.

Vous comprendrez comment cette nouvelle technologie va redonner aux armées une sorte de monopole sur la défense que les citoyens ne contrôleront plus, vous comprendrez comment nos ennemis, à défaut de pouvoir se battre contre nos armées technologiquement démoniaquement supérieures vont s'en prendre encore plus à des civils. Le déséquilibre est une fabrique de terroristes – ou de résistants, selon les points de vue.

Pour terminer sur une note d'humour, je tiens à vous dire que le drone le plus utilisé actuellement s'appelle MALE, M.A.L.E. Comme Moyenne Altitude Longue Endurance. Un symbole ?


J'ai dit.


Drone_Flying_Eye.jpg


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