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Notre Loge

  • : Lumières et laïcité
  • : Promouvoir la laïcité et la mixité au sein du monde profane et encourager la création de loges mixtes au Grand Orient de France
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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 18:40

 

La première fois que j'ai vu un drone, c'était il y a 5 ou 6 ans, à Autrans, lors de la Foulée Blanche des enfants. Juste avant le départ, une sorte d'araignée noire métallique s'est élevée dans le ciel et son bourdonnement conséquent fut rapidement couvert par les cris de joie des enfants qui levaient leurs bâtons pour le saluer. Le soir, à la télé régionale, j'ai vu les images saisissantes prises par ce robot volant. A l'époque, je me suis dit que c'était l'outil idéal pour les R.G., à la fois pour quantifier une manifestation et pour en identifier ses membres.

J'entends beaucoup de voix qui s'élèvent pour la défense de la vie privée sur internet et dénoncent les pratiques de google, facebook et consorts. Et c'est tant mieux. Mais je dirais que lorsqu'on se sert d'internet ou même de téléphones portables, on se doute bien que le réseau gardera des traces exploitables par les publicitaires dans le meilleur des cas ou la NSA, en accord avec les services de renseignements de différents états. C'est une sorte de servitude volontaire, surtout quand on apprend que les concepteurs de systèmes de cryptage y incluent des failles délibérées. D'ailleurs, les truands ne s'y trompent guère : ils utilisent d'autres modes de communication.

Mais j'entends peu de voix pour exiger une législation encore plus contraignante sur les drones.

La France est le seul pays d'Europe à avoir légiféré au printemps 2012, sur les drones et ce de manière assez restrictive, à propos des drones civils.

En terme juridique les drones sont des «aéronefs civils qui circulent sans aucune personne à bord ». Le terme de drone vient, cela ne vous étonnera pas, de l'anglais et signifie « faux bourdon ».

Un drone peut être, soit programmé à l'avance pour faire son vol en totale autonomie, soit piloté à distance par un chef de projet, en principe contrôlé par un deuxième pilote si le drone est pourvu d'un appareil photo ou d'une caméra (du moins en France). Les deux personnes doivent posséder la partie théorique du diplôme de pilote d’Ulm. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les fabricants de drones sont aussi prestataires de service, en fournissant l'ensemble du « système ». Car un drone ce n'est pas simplement l'objet volant (plus ou moins grand, plus ou moins autonome), c'est aussi le système de communication avec la base (souvent satellitaire) et bien sûr le système d'analyse et de pilotage. Ces systèmes drone civils doivent être homologués par l'aviation civile. En France, il y a à peu près 400 systèmes déclarés.

 

Les drones civils sont conçus pour des tâches très variées. En général, le drone est utilisé en remplacement de l'hélicoptère : cela coûte moins cher et il n'y a pas de pilote susceptible d'être en danger. Cela peut aller de la recherche en montagne (avalanches, chutes), à l'inspection des lignes à haute tension EDF, des bétons des barrages et des centrales nucléaires, des panneaux photovoltaïques des centrales solaires, de la détection des incendies, de l'inspection des voies ferrées en passant par la prise de vue aérienne (espionnage, sécurité, immobilier) et l'épandage de traitements chimiques en agriculture. Au départ, extension robotisée de notre œil, le drone deviendra d'ici très peu de temps extension de notre main en apportant une bouée de sauvetage au naufragé en mer.

Il faudra veiller scrupuleusement à la protection de la vie privée et au droit à l'image.

 

Parlons maintenant des drones militaires.

Les armées ont toujours voulu savoir ce qu'il y avait de l'autre côté de la colline ou de la montagne afin de mieux se préparer au combat ; elles ont surtout toujours rêvé d'infliger des revers à l'ennemi en limitant leurs propres pertes. C'est ainsi, qu'en 1849, les Autrichiens bombardent Venise insurgée à l'aide de ballons portés par le vent. La guerre de 14 engendre le développement par l'Angleterre, les États Unis et la France des premiers avions sans pilote. On peut dire que les V1 allemands sont des quasi-drones. Mais le grand démarrage des drones militaires a eu lieu pendant la guerre de Corée et celle du Vietnam : observation, largage de tracts à des fins de guerre psychologique. Les drones ne transportent pas encore de bombes.

L'observation par les drones est plus efficace que l'observation intermittente par les satellites. Les drones, équipés de gyroscope, ont toujours une caméra horizontale, souvent thermique, ce qui permet de repérer des soldats camouflés, et surtout, il peuvent faire du « tracking », c'est à dire suivre des convois ou des individus.

C'est en 2001, que le tout premier « Predator » américain lâche des bombes en Afghanistan.

En 2000, l'US Air Force possède 50 drones. Aujourd'hui, elle en a 7500, ce qui correspond à un tiers de sa flotte. Et, comble de l'ironie, c'est Barak Obama, titulaire du prix Nobel de la Paix, qui en a développé l'utilisation massive. L'US Air Force les utilise dans les champs de bataille. Mais beaucoup plus grave, c'est que depuis 2004, la CIA est chargée des « assassinats ciblés » que ce soit au Yémen, au Pakistan, en Somalie ou en Libye. Ces opérations n'ont même pas la reconnaissance officielle des États Unis. En mai 2012, le New York Times a révélé l'implication personnelle de Barak Obama dans l'élaboration des « kill lists ». La contestation parlementaire américaine a été telle que Barak Obama a été obligé de s'exprimer sur le sujet. Je cite le journal Le Monde :  Le président, tout en reconnaissant que l'usage des drones pose de "profondes questions" - de"légalité", de "morale", de "responsabilité ", sans compter "le risque de créer de nouveaux ennemis" -, l'a justifié par son efficacité : "Ces frappes ont sauvé des vies.".

Une ONG britannique révèle le nombre de victimes de ces frappes, autour de 2200, et montre que beaucoup de victimes sont des victimes civiles dont des enfants. Malala Yousafzaï, la jeune pakistanaise qui a reçu le prix Sakharov a été reçue récemment à la Maison Blanche. Elle dit : "J'ai (...) exprimé mes inquiétudes au sujet des attaques de drones qui alimentent le terrorisme".

 

 

Israël est l'autre pays qui se sert des drones de combat pour tuer ses ennemis. Le programme de drones israélien remonte à la guerre du Kippour pendant laquelle 200 pilotes israéliens ont été tués.

Au dire des organisations des droits de l'homme situées dans la bande de Gaza (Amnesty International et HRW), sur les2269 Palestiniens tués entre 2008 et 2013 par Israël , 911 l’ont été par des drones. 300 enfants parmi les victimes civiles.

L'information sur l'utilisation des drones par Israël est très verrouillée et les journalistes israéliens sont obligés de passer par les média occidentaux. Internet est très pauvre sur la question.

Israël est le premier pays exportateur de drones, devant les États Unis. D'ailleurs, si vous voulez acheter un drone de combat, vous avez accès très facilement à toutes les entreprises israéliennes qui les vendent et à leur site web.



Le 18 novembre dernier, le Ministre de la Défense iranien a dévoilé le tout nouveau drone fabriqué par son pays. Il s'agit du drone Fotros, quia un rayon d'action de 2.000 kilomètres et peut voler à une altitude de 25.000 pieds avec une durée de vol de 16 à 30 heures. C'est dire qu'il peut transporter des missiles au dessus d'Israël.

Les guerres ont toujours permis des avancées technologiques, car les états sont enfin prêts aux financements nécessaires à la recherche scientifique et technique. Et je le déplore. Mais là, pour moi, la coupe est pleine. J'étais déjà révoltée par les fameuses frappes chirurgicales de la première guerre du Golfe, je le suis encore plus par l'assassinat organisé, sans aucun contrôle démocratique et en dehors de tout cadre légal.

En occident, maintenant, on veut pratiquer des guerres propres, sans blessés, sans morts à rapatrier. Les morts sont tous du même côté. Les morts de là-bas sont morts parce qu'ils avaient l'air de contester, parce qu'ils sont des soldats, ou parce qu'ils auraient pu devenir des soldats. On tue de façon préventive, même si ce n'est pas toujours le cas. C'est la guerre asymétrique. C'est une guerre amorale, si tant est qu'il existe une moralité dans la guerre. Mais les mêmes qui ont dénoncé l'utilisation des gaz chimiques en Syrie souhaitent doter la France de drones de combat plus performants que ceux qu'elle a déjà.

Prenez le temps de regarder ''C'est pas sorcier'', Arte Future sur les drones, faites une recherche sur le site du Monde et sur Wikipedia.

Vous comprendrez comment cette nouvelle technologie va redonner aux armées une sorte de monopole sur la défense que les citoyens ne contrôleront plus, vous comprendrez comment nos ennemis, à défaut de pouvoir se battre contre nos armées technologiquement démoniaquement supérieures vont s'en prendre encore plus à des civils. Le déséquilibre est une fabrique de terroristes – ou de résistants, selon les points de vue.

Pour terminer sur une note d'humour, je tiens à vous dire que le drone le plus utilisé actuellement s'appelle MALE, M.A.L.E. Comme Moyenne Altitude Longue Endurance. Un symbole ?


J'ai dit.


Drone_Flying_Eye.jpg


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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 09:34

 

La démocratie est une doctrine et une organisation politique, un ensemble de valeurs et un idéal.

Cette doctrine et cette organisation politique se fondent sur l'égalisation des conditions, la souveraineté du peuple et l'omniprésence de l'opinion publique1.

L'idéal démocratique s'appuie sur les valeurs de liberté et d'égalité vécues comme complémentaires, sur la fraternité, le respect des différences, la coopération.

 

 

L'histoire de la démocratie remonte à l'Antiquité, au VIIe siècle avant notre ère, en Grèce, en Inde et en Mésopotamie, avec une émergence au XVIIe siècle et une extension jusqu'à nos jours.

Le passage d'une aspiration à une réalisation démocratique est un processus qui peut être chaotique. En Europe, après la Terreur, la restauration de la royauté, la première guerre mondiale et le fascisme, les idées de 1789 ont réinstallé la démocratie2.

En 2010-2011 l'espérance des révolutions démocratiques arabes s'est refermée brutalement pour sans doute resurgir dans l'avenir, si l'on partage la conviction d'un avènement irréversible, universel de la démocratie dans le monde3.

La démocratie constitue aujourd'hui l'héritage commun de l'humanité.

 

 

Dans le monde, quatre gouvernements ne se revendiquent aucunement en tant que démocratie : L'Arabie Saoudite, le Bangladesh, le Vatican et Brunei.

Cuba, la Libye, la Syrie, le Turkménistan, la Chine, le Vietnam, le Laos se déclarent démocratiques mais ne permettent pas l'existence de groupes d'opposition.

156 pays se déclarent démocratiques et permettent l'existence de groupes d'opposition, du moins en théorie.

 

 

L'indice de démocratie4, créé par The Economist group se propose d'évaluer le niveau de démocratie de 167 pays, en se basant sur 60 critères appartenant à cinq catégories (le processus électoral et le pluralisme, les libertés civiles, le fonctionnement du gouvernement, la participation politique, la culture politique). Ces catégories sont interdépendantes et conçues comme un tout conceptuel cohérent. Les élections libres et justes, la liberté politique sont considérées comme des conditions sine qua non. Sont également pris en compte les libertés d'expression, de religion, d'association, et le droit à un procès juste et équitable.

 

Sur 167 pays, classés de l'indice de démocratie le plus élevé au plus faible, on compte 25 Démocraties, 53 Démocraties imparfaites, 37 Régimes hybrides et 52 régimes totalitaires.

La France, classée comme démocratie imparfaite, est en 29e position derrière l'Afrique du Sud, la Corée du Sud, le Costa Rica, la République Tchèque.

Les trois premiers pays sont, dans l'ordre, la Norvège, l’Islande et le Danemark.

Il existe un frontière commune entre la Corée du Sud, démocratie classée en 22ème position et la Corée du Nord, régime totalitaire classé en 167ème et dernière position.

 

Dans le classement de 2011, en France, le processus électoral est évalué à 9,58 (contre 10 au Danemark), le fonctionnement du gouvernement à 7,14 (contre 9,64 en Suède), la participation politique à 6,11 (contre 10 en Norvège), la culture politique à 7,5 (contre 10 en Islande) et les libertés civiles à 8,53 (contre 10 en Irlande).

 

 

Dans les institutions qui contribuent à la démocratie mondiale et œuvrent à la paix dans le monde, l'Organisation des Nations Unies joue un rôle majeur. Fondée en 1945 pour remplacer la Société des Nations, elle compte 193 états membres sur les 197 reconnus par l'organisation.

 

Crée en 2002, la Cour Pénale Internationale est une institution permanente chargée de promouvoir le droit international et de juger les personnes accusées de génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre. Elle vient d'émettre en octobre dernier un mandat d'arrêt contre Charles Blé Goudé, proche de Laurent Gbagbo, accusé de crimes contre l'humanité commis pendant les violences post-électorales de 2010-2011 en Côte d'Ivoire, pays classé dans les régimes totalitaires en 142e position sur l'Indice des démocraties.

 

L'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques vient d'être mandatée par l'ONU pour assurer le démantèlement de l'arsenal chimique syrien. Elle compte 190 états membres. Deux pays signataires, Israël et la Birmanie n'ont pas encore ratifié la Convention sur l'Interdiction des Armes Chimiques. La République Populaire Démocratique de Corée, l’Égypte, l'Angola et le Sud Soudan ne sont pas membres.

 

La déclaration universelle sur la démocratie5 pose les principes de la démocratie et sa dimension internationale. Elle a été adoptée par le Conseil interparlementaire au Caire le16 septembre 1997.

 

La Campagne pour la création d'une Assemblée Parlementaire des Nations Unies6 (APNU) est initiée par un réseau mondial de parlementaires et d’organisations non gouvernementales œuvrant pour la représentation des citoyens aux Nations Unies et la création d'un parlement mondial.

 

 

Au niveau européen, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) accueille la totalité des états du continent européen ainsi que ceux qui sont nés de la dissolution de l'Union Soviétique. Les États-Unis et le Canada ont un statut d'associés. Pour les états participants, une sécurité durable ne peut être obtenue sans le respect des droits de l’homme, ni sans institutions démocratiques.

Le Bureau des Institutions Démocratiques et des Droits de l’Homme7 (BIDDH), crée en 1990, a pour mission d'assister les gouvernements à tenir leurs engagements dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratie.

 

 

Au niveau local, la démocratie se vit dans toutes les instances de décentralisation des pouvoir de l'état, dans les conseils de quartier, les partis politiques, l'activité syndicale, le secteur associatif, les loges. Il est possible de questionner dans tous ces lieux l'indice de démocratie. Le fonctionnement démocratique est-il important, visible, respecté dans les discours, dans les pratiques, vivant, exemplaire ?

 

 

Si l'on regarde l'histoire de l'humanité, il est très probable que l'excès et la volonté de pouvoir soient dans la nature de l'homme.

« Le lutteur commence son combat dans un esprit de loyauté mais finit par user de coups défendus ; l'excès de ruse engendre des procédés anormaux. Le buveur qui se conforme au rite commence dans un esprit de politesse, mais finit dans un état de dérèglement qui amène une conduite anormale. Il en est ainsi de toute chose. On commence dans la courtoisie pour sombrer dans la grossièreté ; ce qui était d'abord peu de chose se termine en catastrophe.8 »

Cet extrait nous vient de la Chine antique, il est tiré du Tchouang-tseu au IV siècle avant notre ère.

Au XXe siècle, Georges Orwell, préoccupé par la question du pouvoir, tire de son expérience Birmane, londonienne et parisienne un texte terrifiant sur la logique de pouvoir poussé à son extrême, ne se préoccupant plus que du fait de se perpétuer. Le pouvoir comme fin en soi, débarrassé de toute idéologie, beaucoup plus puissant et pérenne que le nazisme ou le stalinisme, un pouvoir qui, après s'être attaqué à la liberté d'agir, s'attaque à la capacité de penser en refondant le langage.

Ceci impose la vigilance. Les systèmes démocratiques, mêmes parfaits, ne protègent pas des glissements de l'altruisme vers l'égoïsme ni des dérives des excès du pouvoir.

 

 

Un autre risque est au cœur des systèmes démocratique : le national-populisme.

En juin 2012, en Grèce, berceau et laboratoire historique des théories et des expérimentations démocratiques, 18 députés du parti néonazi Aube dorée sont arrivés au parlement. Parti à qui les sondages ont donné 12% d'opinion favorable, populaire avec ses distributions de nourriture réservées aux Grecs.

En Norvège, pays en tête du classement de l'Indice de démocratie, l'extrême droite va faire son entrée au gouvernement.

La tendance est à une reconversion des partis d'extrême droite racistes en partis populistes xénophobes. Ces mouvements passent d'une idéologie de haine vouée à l'échec électoral à un rejet fourre-tout de l'autre et du système, plus impulsif, moins infréquentable mais qui vise à la conquête réelle du pouvoir, prônant le passage d'un régime parlementaire à des consultations référendaires.9

Les extrêmes droites nationalistes populistes cultivent l'utopie d'une société fermée propre à assurer la renaissance communautaire.

 

Heureusement, (mais aussi malheureusement), en démocratie, une pensée ne vaut que si elle devient majoritaire10.

 

Face à ce risque du national populisme et devant l'enjeu que représente la démocratie pour l'avenir de l'humanité, nous pouvons faire le pari de la culture, de la pédagogie, de l'obligation de la transparence et du rendre-compte, de l'exemplarité, du respect des décisions démocratiques et de la mise au travail constante des processus démocratiques.

 

A l'idée de société fermée s'oppose une culture d'ouverture partagée et accompagnée, rencontre de l'autre et de ce qui est autre, de ce qui engage.

Dans ce courant se situent l'éducation populaire, l'Université Populaire ou des associations comme « Culture du Cœur » qui associent médiation culturelle et intervention sociale.

 

Il serait possible de faire l'état actuel de la pédagogie de la démocratie, questionner l'existant, imaginer et construire les développements possibles.

 

L'exemplarité est ce qui se donne à voir et ce qui s'oublie.

La transparence et le rendre-compte sont les premières conditions pour que les fonctionnements et les pratiques démocratiques se donnent à voir.

Dans ce qui se donne à voir se mesure l'écart entre la parole et les actes, ou apparaît la signification que l'usage donne aux mots.

« Les paroles de l'homme sont pareilles aux vagues soulevées par le vent, mais l'acte de l'homme ne rejoint jamais sa parole. » (Tchouang-tseu) ou « Laisse l’emploi des mots t’enseigner leur signification11. » (Ludwig Wittgenstein, philosophe autrichien et britannique du XXe siècle).

L'exemplarité se montre dans le respect de la règle et le respect des décisions démocratiques.

Jean Baudrillard, philosophe français, a distingué la règle de la loi12. Si selon lui la loi institue et peut être transgressée, la règle, établie entre des hommes pour fonctionner ensemble ne peut que se respecter, sauf à sortir du jeu commun.

Dans tout système démocratique élaboré, le pouvoir circule de la base au sommet et du sommet à la base. Chaque individu à son niveau va participer à des prises de décisions et va appliquer des décisions prises à un niveau différent. La souveraineté des individus va être assortie à certaines conditions (par exemple le droit de vote) et la contrepartie de cette souveraineté va être la soumission à certaines obligations (par exemple l'application d'un règlement). L'exemplarité se joue à tous les niveaux.

Les décisions prises selon des règles démocratiques s'appliquent à tous les individus concernés, sauf à revoir et modifier démocratiquement ces règles.

 

Si l'exemplarité s'oublie, c'est qu'elle se pratique et qu'elle ne sert pas de faire valoir, d'exemple à donner à autrui.

 

Les processus démocratiques se mettent au travail, chaque fois que cela s'avère nécessaire. Les équilibres entre démocratie représentative et démocratie participative se construisent et s'ajustent.

Francis Fukuyama, politologue américain, dénonce ce qu'il appelle la vétocratie, un système dans lequel un acteur politique représentant des vues minoritaires peut bloquer la majorité. Deux exemples récents peuvent illustrer son constat : le cas du vote du budget fédéral aux USA et le veto de la Russie à l'ONU sur le déclenchement d'une répression armée contre le régime syrien.

Ces questions s'examinent, selon les contextes. Il ne peux exister de modalités généralisables à toutes les situations.

 

 

Plutôt qu'exportable, la démocratie est une valeur universellement extensible, renouvelable et perfectible.

 

 

J'ai dit.

 

  Athenesdemocratie.jpg

 

 

Stèle : La démocratie couronnant Athènes (musée de l'agora à Athènes)

 

 

 

 

 

 

 

 

1Alexis de Toqueville

2L'alarme d'Edgar Morin, Médiapart, le 28/08/13

8Philosophes Taoïste I, éd. La Pléiade, 1980, p. 115 et 116

9Week-end chez les populistes, Le Monde du 02/10/13

10Guy Sorman, Impossible et pourtant nécessaire, le social libéralisme à la française, Le Monde du 24/10/13

11Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques

12De la séduction, 1979

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 21:27

 

Mais pourquoi diable ai-je décidé de faire une planche sur le Paysage Maçonnique Français ?

Sans doute parce que j'avais besoin d'une piqûre de rappel de l'histoire de la Franc-Maçonnerie mais

très certainement pour m'obliger à me documenter sur un sujet qui ne m'a jamais particulièrement intéressée, si ce n'est « en creux », comme une petite souffrance latente agaçante.

Plus de 30 obédiences se partagent les 130 à 140 000 maçons et maçonnes de France. Rassurez-vous, je ne vais pas vous en faire un tableau exhaustif.

Si les Maçons entre eux ont des moyens de se reconnaître, il en est de même pour les obédiences qui signent des traités de reconnaissance mutuelle. Cette reconnaissance autorise, entre autres choses, les visites réciproques.

Aujourd'hui, je détaillerai seulement les obédiences régulières et traditionnelles que je connais peu, et pour cause, étant de sexe féminin !

Et pour y comprendre quelque chose, j'ai été amenée à faire un retour en arrière historique.

 

Mon propos sera donc en 2 parties :

1.Un petit historique de la Franc-Maçonnerie en France via le Royaume-Uni

2.Les principales obédiences françaises qui ne font pas partie du groupe de reconnaissance intitulé « Maçonnerie Française »

 

 

1. Historique de la F.M.

 

Je ne parlerai pas de la transition entre maçonnerie opérative et maçonnerie spéculative, tant l'histoire de cette transition est sujette à controverses entre historiens Écossais et Anglais, mais des débuts de la Maçonnerie dite spéculative, qui voit le jour au XVIIème siècle, et en Écosse, alors catholique, et en Angleterre alors déchirée par les guerres de religion.

Dix ans après l'union de la couronne d'Angleterre et d’Écosse, en 1717, à Londres, quatre loges qui avaient les noms des « pubs » dans lesquels elles se réunissaient, fusionnent pour créer la Grande Loge de Londres et de Westminster. Les liens de ses membres avec la Royal Society et les milieux scientifiques permettent d'y développer des idées de tolérance religieuse et de s'appuyer pour ce qui concerne la recherche de la vérité sur les découvertes scientifiques récentes.

Quelques années plus tard, en 1723, le Pasteur James Anderson publie les Constitutions et règlements de cette nouvelle association. Ces Constitutions s'appuient sur les anciens « landmarks » (ou Anciens devoirs) qui régulaient les loges primitives. Mais Anderson y introduit une innovation fondamentale, à savoir le principe de la liberté de conscience, quant au choix de sa religion.

 

En 1751, des maçons anglais contestent cette Grande Loge de Londres et de Westminster, au prétexte qu'elle s'écarte trop des anciens « landmarks ». Ils créent une nouvelle obédience, qu'ils qualifient d 'ancienne, bien que plus récente, car plus traditionnelle.

Ces deux obédiences se disputent le terrain pendant 63 ans, jusqu'à ce qu'elles fusionnent, en 1813, créant la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA). En 1929, elle établit une règle en 8 points, qui permet de définir ce qu'on appelle la « régularité ». Cette règle établit, je cite :

« Que la croyance en le Grand Architecte De L’Univers et en sa volonté révélée soient une condition essentielle de l'admission des membres. »

 

Je cite encore :«  Que les membres de la Grande Loge et des Loges individuelles soient exclusivement des hommes, et qu'aucune Grande Loge ne doit avoir quelque relation maçonnique que ce soit avec des Loges mixtes ou des obédiences qui acceptent des femmes parmi leurs membres. »

 

En 1989, le Bureau de la GLUA précise :

« Il existe quelques soi-disant obédiences maçonniques qui ne respectent pas ces normes, par exemple qui n'exigent pas de leur membres la croyance en un Être Suprême, ou qui encouragent leurs membres à participer en tant que tels aux affaires politiques. Ces obédiences ne sont pas reconnues par la Grande Loge Unie d'Angleterre comme étant maçonniquement régulières, et tout contact maçonnique avec elles est interdit. »

 

Mais, revenons en France.

 

Il semblerait, mais ce n'est pas encore totalement prouvé, que la maçonnerie a pris pied en France, en 1688, à Saint Germain en Laye, grâce à des exilés politiques écossais, venus en France dans le sillage de Jacques Stuart. Cette loge se serait appelée « La parfaite égalité ».

Ce qui est certain, c'est que vers 1725, une loge a été fondée, regroupant des Irlandais et des exilés jacobites. En 1728, les francs-maçons de France se choisissent comme Grand Maître le duc de Wharton, marquant ainsi le début véritable de la franc-maçonnerie française. D'ailleurs, le Grand Orient De France (GODF) considère cette date comme la date officielle de sa création, même s'il n'avait pas encore ce nom. Le rituel est le rituel de la Grande Loge de Londres et de Westminster, traduit en français, d'où sa dénomination, rite français.

De nombreuses loges se créent dans toute la France, avec des grands maîtres issus de l'aristocratie anglo-saxonne. Ce n'est qu'en 1738, que se constitue la première Grande Loge de France (qui n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui) qui se choisit comme Grand Maître, Louis de Pardaillan de Gondrin , deuxième duc d'Antin .

Ce choix est judicieux  car cela permet d'alléger la surveillance policière des Francs-maçons. Par ailleurs, la bulle papale de Clément XII, condamnant la Franc-Maçonnerie, ne sera jamais enregistrée par le Parlement français, ce qui la rend de ce fait, inapplicable. Ainsi, au moment où tous les Francs-maçons européens sont persécutés, la maçonnerie se développe en France, regroupant des aristocrates catholiques, des membres du clergé et beaucoup de militaires (à qui l'on doit les expressions utilisées dans les banquets d'ordre). Elle se développe même en direction des femmes avec les Loges d'adoption, dès 1740.

Je vous cite le GODF qui nous dit : «  A partir de 1740, la Maçonnerie va se diffuser largement dans toute la France. Rares sont les petites villes qui ne compteront pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où – bien dans l’esprit du siècle – les frères célèbrent la vertu et l’égalité. Peu à peu – et probablement de manière inconsciente – s’y développe une sociabilité libérale et démocratique qui prépare insensiblement l’avènement des idées nouvelles. »

 

En 1771, Louis Philippe d'Orléans est à la tête de la maçonnerie française. En moins de deux ans et en s'appuyant sur les loges de province, la réorganisation aboutit à la création, en 1773, du Grand Orient de France. Ce n'est pas un simple changement de nom, mais une véritable réforme avec l'élection des Vénérables Maîtres, précédemment titulaires à vie de leur fonction, et la mise sur pied d'une véritable organisation chargée de coordonner le travail des 600 loges.

La Révolution Française passe par là. Des 1000 loges recensées en 1789, seules 75 seront aptes à reprendre leur travaux en 1800. Un déploiement exceptionnel du GODF a lieu pendant la période Napoléonienne, mais il est de courte durée. Avec la Restauration, le GODF est décapité et soumis à la royauté.

En 1804, une deuxième obédience est créée « La Grande Loge Générale Écossaise de France ».

Avec l'application du Concordat et du pouvoir accru de l’Église, les catholiques quittent peu à peu la maçonnerie qui du coup se radicalise, tant au plan philosophique que politique. Nombreux sont les maçons qui s'engagent en 1830 aux côtés des républicains. En 1848, seuls deux ministres du gouvernement provisoire ne sont pas maçons. Il faut noter qu'au convent de 1849, le GODF, influencé par un christianisme libertaire et anticlérical inscrit dans sa constitution :

« La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive a pour base l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme. »

Napoléon III propose sa protection à la Franc-Maçonnerie tout en la mettant sous tutelle. L'autre maçonnerie, celle qui s'appuie sur la GLUA a manqué de disparaître.

Les maçons parisiens s'impliquent beaucoup dans la Commune de Paris, mais sont désavoués par les maçons de province et le GODF se rallie à Thiers et à la Troisième République. Le conflit qui oppose cette dernière à l’Église, lors de l'installation des écoles laïques sur tout le territoire, amène le GODF a supprimer de sa constitution, en 1877, l'obligation de croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme. Ce n'est pas encore la liberté absolue de conscience, puisqu'il y a référence au GADLU, mais les loges sont désormais libres d'interpréter ce concept à leur guise et même de l'ignorer.

 

En 1894 est officiellement créée la Grande Loge de France, issue de la liberté qu'ont prise un certain nombre de Loges bleues par rapport au Suprême Conseil et de la fusion avec les loges de la Grande Loge Symbolique. Pendant 50 ans, La Grande Loge de France partage tous les combats laïcs et républicains avec le GODF.

 

En 1893, Le Droit Humain, obédience mixte, est fondé, conservant de par son origine, la structure pyramidale des 33 degrés.

En 1929, la Grande Loge Unie d'Angleterre, se proclame « Grande Loge Mère du Monde » et formule des principes de reconnaissance, dont le principal est la croyance en un dieu révélé.

Le monde entier s'y est soumis, sauf la maçonnerie latine qui a trop eu à batailler contre l’Église.

En France, seule la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière, créée récemment à l'initiative de Frères anglais suivra la politique de Londres.

Après la Seconde Guerre mondiale, la franc-maçonnerie française est défaite. Tout est à reconstruire.

Le projet de fusion de la Grande Loge de France et du Grand Orient de France n'aboutit pas.

La Grande Loge de France devient alors soucieuse d'être reconnue par la GLUA. Pour ce, elle se débarrasse de ses nombreuses loges d'adoption qui constituent en 1952 la Grande Loge Féminine de France. En 1953, elle rétablit l'usage de la Bible sous l'équerre et le compas.

 

Les années 60 et 70 voient la prolifération d'obédiences nouvelles, issues de scission, de scission de scission. Roger Dachez parle même d'une balkanisation de la franc-maçonnerie qui reflète l'atomisation de la société et la disparition des solidarités traditionnelles.

 

Fort heureusement, dans certaines circonstances, la maçonnerie française est capable de parler d'une seule voix, ou presque (déclarations communes contre l'intolérance et la xénophobie, prise de position entre les deux tours des présidentielles de 2002, célébration commune de la loi de 1905 et des 275 ans de la Franc-Maçonnerie). En février 2002, 9 obédiences (le Grand Orient De France, la Grande Loge De France, la Grande Loge Féminine de France, le Droit Humain, la Grande Loge Mixte Universelle, la Grande Loge Mixte de France, la Grande Loge Traditionnelle Symbolique Opéra, la Loge Nationale Française, la Grande Loge Féminine Memphis Misraïm) créent l'association « Maçonnerie Française » et l'Institut Maçonnique de France dont le but est de promouvoir la maçonnerie et d'en étudier son histoire. En 2006, la GLDF se retire de cette association.

 

 

2.Les Maçonneries Françaises

 

 

A. La Maçonnerie régulière

 

Le terme de régularité, utilisé en franc-maçonnerie est en fait un anglicisme qui vient de « regular » et qui veut dire légitime, conforme aux règles. La légitimité maçonnique est acquise dès lors qu'une obédience reconnaît les quatre principes suivants :

1.La croyance en Dieu, à des degrés divers, allant de la « Foi en Dieu » pour certaines, à la simple « croyance en l'existence d'un Être Suprême » pour d'autres.

2.La présence d'un livre sacré dit Volume de la Sainte loi (Bible, Torah, Coran,  etc.) dans la loge.

3.L'interdiction de toutes discussions politiques ou religieuses en loge.

4.L'interdiction de tout contact avec les obédiences féminines ou mixtes.

De ce fait, il devrait y avoir plein d'obédiences régulières et pourtant, la GLUA qui délivre les attestations de régularité, n'a reconnu pour le France que la GLNF.

 

La Grande Loge Nationale Française(GLNF) a été créée en 1913, basée sur la régularité de la Grande Loge Unie d'Angleterre telle qu'elle fut définie en 1929 et dont j'ai parlé plus haut. Après le Convent de 1877 du GODF, la bataille que l’Église mène contre la franc-maçonnerie, de nombreux catholiques quittent le GODF.

En 1911, Edouard de Ribaucourt réveille une Loge du GODF, le Centre des Amis, avec autorisation d'invoquer le GADLU et patente au rite écossais. Mais le GODF lui envoie une nouvelle patente sans mention du GADLU et c'est la rupture.  « Le Centre des amis » s'érige en nouvelle obédience, La Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies »,vite reconnue par les Anglais. Elle prend son nom actuel en 1948. Jusque vers les années 60, elle accueille surtout des anglo-saxons stationnés en France. Elle ne se développe vraiment qu'après la scission de 1964 de la Grande Loge de France.

En 2011, c'est la deuxième obédience de France de par son nombre : 1400 loges qui regroupent 44 000 Frères.

Sa politique de recrutement est régulièrement critiquée, serait trop liée aux « affaires » qui agite l'obédience, particulièrement, dans le sud de la France.

L'autoritarisme d'un Grand Maître et la violence de sa réponse à la contestation de certaines loges conduisent celles-ci à faire appel à la justice qui conclue à la nécessité d'une nouvelle Assemblée Générale et qui nomme un administrateur judiciaire. La médiatisation de cette affaire conduit la GLUA , ainsi que d'autres Loges européennes à suspendre toute relation avec la GLNF et à lui retirer toute reconnaissance.

En mars 2013, la GLNF ne compte plus que 26 200 membres.

 

En septembre 2012, La GLUA , précédée par 5 Grandes Loges européennes, suspend sa reconnaissance de la GLNF, en raison de son implication dans de nombreuses affaires, du mélange des genres (soutien officiel du Grand Maître à la candidature de Nicolas Sarkozy) et du caractère autoritaire de ses dirigeants.

Des membres de la GLNF décident de créer deux nouvelles obédiences :

 

La Grande Loge de l'Alliance Maçonnique Française : (GLAMF)

Créée le 28 avril 2012. Forte de 5000 membres en 2012, elle en compterait autour de 20 000 aujourd'hui. Avec l'aide d'autres Loges régulières européenne, elle vise la reconnaissance de la GLUA. Elle a créée des maisons des rites sous l'autorité du Grand Maître, et permet à ses loges de travailler au rite de leur choix parmi six rites (Rite Écossais Ancien Accepté, Rite Écossais Rectifié , rite Émulation, rite Français, rite d'York, rite standard d’Écosse.

 

La Grande Loge Indépendante de France (GLIF) :

Créée le 12 janvier 2013. Ses membres fondateurs ont attendu le retrait de la reconnaissance de la GLNF par Londres.

 

 

B. La Maçonnerie traditionnelle :

Issue de la Maçonnerie régulière ou suivant ses « règles » mais étant signataires de ce qu'on appelle « La Maçonnerie Française », membres de l'Institut Maçonnique Français.

 

La Grande Loge de France, dont j'ai déjà parlé. J'ai dit qu'elle a failli fusionner, à la Libération, avec le GODF.

A la suite de cet échec, elle a cherché à se rapprocher de la GLNF. Mais cette fusion ne s'est pas faite non plus, car cela aurait impliqué une rupture totale avec le GODF. En 1964, la signature d'une convention avec le GODF entraîne le départ de nombreux Frères vers la GLNF.

La Grande Loge de France est une fédération de Loges travaillant toutes au Rite Écossais Ancien Accepté. Elle se considère comme une obédience régulière, puisqu'elle travaille à la gloire du GADLU, laissant à ses membres la liberté de le définir. Les maçons y font des planches plutôt symboliques et travaillent des questions à l'étude des loges (parfois sociales). Un convent annuel réunit les délégués de 800 Loges. La GLF a une revue trimestrielle, organise des conférences et des colloques. Avec ses 30 000 Frères, elle est très active.

 

La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra

Cette crise à la GLNF n'est pas la première. En 1958, des Frères, qui estiment important d'avoir des relations avec le reste de la franc-maçonnerie française, fondent « La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra ». Pourquoi Opéra ? Parce qu'au début, c'était GLNF-Opéra, du nom de la station de métro la plus proche de leur lieu de réunion.

La GLTSO compte 4500 membres dans près de 300 loges. Elle travaille à la gloire du GADLU, est masculine, pratique officiellement le Rite écossais rectifié, ne reçoit pas les femmes.

 

La Loge Nationale Française

Il s'agit d'une toute petite obédience, créée en 1968, issue de la fusion de 3 loges de la GLTSO. Elle compte 300 membres répartis dans 25 loges et possède 8 loges d'études et de recherche. Elle ne cherche pas à grandir. Son seul but, je cite, est « d’approfondir les sources historiques et les fondements de la tradition maçonnique et ceci, avec une structure administrative réduite ».Elle travaille avec 3 rites, le rite français traditionnel, le Rite Écossais Rectifié, le rite émulation. Elle vient de rompre ses relations avec la Grande Loge de France.

 

Le Grand Prieuré des Gaules :

Il a été créé en 1935, regroupant de francs-maçons chrétiens. Il s'est rattaché à la GLNF entre 1958 et 2000. Il a depuis récupéré son indépendance. Il regroupe un millier de frères répartis en une cinquantaine de loges. Le Grand Prieuré des Gaules, organisation maçonnique et chevaleresque a pour fondement la Foi en Dieu.

 

Je m'arrêterai là, pour l'énumération.

 

Maintenant, il faut savoir que depuis le 15 juin 2013, il y a une Confédération Maçonnique de France, créée par 4 obédiences, la GLDF, la GLTSO, la GLAMF et la GLIF et ce, à l'initiative de la GLDF qui répondait ainsi à l'appel de Bâle signé des cinq obédiences européennes qui ont démis la GLNF.

Voici un extrait de cet appel de Bâle :

Parmi tous les acteurs potentiels de ce processus de recomposition un rôle majeur pourrait revenir à la Grande Loge de France que les cinq Grandes Loges estiment depuis longtemps avec considération en raison de la qualité des frères qui la composent et du travail rituel qui y est accompli. Elles savent que depuis toujours la volonté de rejoindre la chaîne universelle régulière y est vivace.

Les cinq Grandes Loges considèrent donc qu'une chance historique est venue pour cette Grande Loge de concrétiser cette aspiration en assumant tous les choix que cela implique, à savoir en particulier :

- de continuer à œuvrer dans le respect des principes fondamentaux de la Franc-maçonnerie régulière ;

- de rompre sans ambiguïté avec les Obédiences non régulières;

- d’observer les us et coutumes internationaux en vigueur entre une Grande Loge et un Suprême Conseil. Les cinq Grandes Loges s’engagent à la soutenir et à la conseiller dans une telle démarche et se déclarent partant prêtes à entamer les négociations avec elle en vue, le cas échéant, de sa reconnaissance future.

 

Et voilà la situation actuelle : deux obédiences, La GLDF et la GLTSO qui avaient des relations privilégiées avec la maçonnerie adogmatique, qui étaient membres, l'une comme l'autre de la « Maçonnerie Française », membres fondateurs de l'Institut Maçonnique Français, semblent vouloir quitter tout cela, pour l'hypothétique reconnaissance de la GLUA.

L'implication immédiate est l'interdiction de toute visite des uns aux autres.

 

A la création de cette Confédération, le Conseil de l'Ordre du GODF a publié en date du 29 juin 2012 le communiqué suivant :

 

Le Grand Orient de France a pris connaissance de la déclaration de la Grande Loge

De France du 13 juin 2012 qui, après la déclaration de Bâle, manifeste son désir et

son besoin de reconnaissance dans sa régularité. Le Grand Orient De France n'est

pas, à l'évidence, dans cette démarche.

 

Il ne tient sa régularité que de sa propre histoire et de celle de la maçonnerie. Il ne

brigue aucune reconnaissance d'autres institutions qui s'autoproclament gardiennes

de la « pure tradition de la franc-maçonnerie universelle » et érigent, comme ailleurs,

la pureté au rang d'un principe d'exclusion, d'opprobre, voire de rejet.

 

Cependant, le Grand Orient De France appellera, dans ce que certains imaginent

déjà comme une recomposition du paysage maçonnique français, l'ensemble des

frères et des sœurs, lesquelles sont exclues de facto de la « tradition maçonnique »,

à s'unir dans la diversité de leurs obédiences et de leurs rites, pour revenir à la

réalité et à la modernité de l'initiation et de ses fins.

 

Pour le Grand Orient De France, il ne s’agit de fonder quelque religion que ce soit

dans un modèle suranné qui a montré ses limites depuis longtemps, mais de

promouvoir dans une démarche humaniste, basée sur le respect de la diversité, une

méthode maçonnique qui peut fonder, à terme, une culture alternative pour nos

sociétés.

 

Car le but ultime n'est pas la satisfaction de quelques-uns dans la pratique des

« principes fondamentaux » de tel ou tel rite, mais bien la reconnaissance de la

dignité de tous les membres de la famille humaine.

 

J'ai envie de m'arrêter là, mais le suivi de l'actualité maçonnique m'oblige à rajouter que depuis, la Confédération a proposé que tout Frère adogmatique souhaitant visiter devrait signer un engagement en 7 points. Le GODF a réagi en précisant qu'il n'était pas question de signer quoique ce soit. La GLTSO semble vouloir faire marche arrière.

Ce qui est sûr, c'est que le dialogue n'est pas rompu entre la GLDF, la GLTSO et le Grand Orient.

Ce qui est encore plus sûr, c'est que le GODF a des préoccupations autrement plus sérieuses que ces querelles d'obédience.

 

Pour écrire cette planche, je me suis servie du Que Sais-je de Roger Dachez, Histoire de la Maçonnerie Française. J'ai visité Wikipedia en recoupant ses informations avec celles de Dachez, et celles diffusées par l'Institut Maçonnique Français, par toutes les obédiences dont j'ai parlé. J'ai découvert ainsi quelques petits arrangements, sans gravité, avec l'Histoire, celle des dates et celle des faits.

 

J'ai dit.

 

Mes sources :

Histoire de la Maçonnerie Française de roger Dachez

Dictionnaire de la franc-maçonnerie de Daniel Ligou

Wikipédia (portail de la franc_maçonnerie)

Consultation de tous les sites de toutes les obédiences citées

Site de l'Institut Maçonnique de France

Quelques blogs bien documentés (celui d'un frère du GODF,  «Sous la voûte étoilée», et celui de l'Express « La Lumière »

 

Mémento des sigles

 

AMF Association de la Maçonnerie Française

CMF Confédération Maçonnique de France (2013) regroupant

FFDH Fédération Française du Droit Humain

GADLU Grand Architecte de l'Univers

GLAMF Grande Loge de l'Alliance Maçonnique Française

GLDF Grande Loge de France

GLFF Grande Loge Féminine de France

GLFMM Grande Loge Féminine Memphis-Misraïm

GLIF Grande Loge Indépendante de France

GLMF Grande Loge Mixte de France

GLMU Grande Loge Mixte Universelle

GLNF Grande Loge Nationale Française

GLTSO Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra

GLUA Grande Loge Unie d'Angleterre

GODF Grand Orient de France

LNF Loge Nationale Française

 

 

800px-Plat maçonnique

 

 

Plat en faïence au décor maçonnique, Lyon, XVIIIe siècle, musée de la Grande Loge de France, Paris.

 

 

 

 

 

 

 

 

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 23:39

 

 

 

L'HUMANISME A L'ERE DES NANOSECONDES


ou


L'HUMANISME A L'EPOQUE ANTHROPOCENE :

 

PLEONASME OU OXYMORE ?

 

 

Exergue : Je vais vous emmener "dans un chemin montant, sablonneux, malaisé,

et, de tous côtés au soleil exposé" (je cite)

 

Ce travail a pour origine deux de mes nombreuses interrogations et ma qualité de Franc-maçon.

 

L'une de mes interrogations nous dépasse pour l'instant : c'est l'écoulement à sens unique du temps. Heureusement, nous n'avons aucune possibilité de l'influencer.

L'autre nous concerne tous : c'est la prolifération de "l'espèce". L'emploi de ces mots me classe dans la catégorie des Malthusiens (fin XVIIème - 1766/1834) ce qui n'est pas très optimiste, d'autant que je reste marqué par les visions terribles de "l'Enfer" de la Divine comédie de Dante ALLIGHIERI (fin du XIIème - 1265/1321) et par un film de 1973 : "Soleil Vert" qui se passe en 2022 !! - et oui ! dans 9 ans !!

Les Francs-Maçons se revendiquent humanistes. Je me considère comme tel.

L'humanisme, tel que nous Franc-maçons l'entendons, est une philosophie qui place l'Homme au centre des préoccupations, et donc les valeurs humaines, au-dessus de toutes les autres valeurs. Sa finalité est l'épanouissement de l'Homme qui doit se construire indépendamment à toute référence au surnaturel. L'humaniste est convaincu de la capacité de l'Homme à évoluer de manière positive.

 

Je vais tenter de m'expliquer, mais avant ça il faut encore quelques définitions puis un retour à la Renaissance.

 

- L'humanisme est une idée philosophique qui s'est développée en Italie à la Renaissance, en réaction au dogmatisme de l'église catholique au moyen-âge. C'est le retour à l'antiquité classique qui avait mis l'Homme a la place centrale. Francesco PETRARQUE (1304-1374) et Giovanni BOCCACE (1313-1375) au XIVème siècle ont été parmi les premiers à développer cette idée.

- La nanoseconde correspond à un milliardième de seconde. C'est l'unité de durée utilisée pour les opérations qu'effectue un circuit électronique. Nano correspond à une division par 1 milliard alors que Giga est le multiplicateur par 1 milliard (Giga octet).

Continuons avec le temps. Il ne va que dans un sens. J'ignore s'il est concevable qu'il s'arrête au terme d'une ultime nanoseconde. C'est une grandeur mesurable qui rythme la vie. L'Homme a toujours voulu mesurer le temps, le compter et le suivre. La première horloge à cadran qui n'avait qu'une seule aiguille date du XVème siècle, le siècle de Léonard de VINCI (1452-1519). La première horloge à pendule a été créée en 1667.

- Hier, à l'époque des premiers humanistes, le temps s'écoulait doucement : chaque action est lente et demande des efforts. Un cheval normal (blanc ou noir !) au trot, peut parcourir 60 km en une grande journée de 10 heures : c'est 15 km/h + les poses. L'élite pensante est restreinte. La grande masse des individus passe la presque totalité de son temps à travailler pour assurer ses besoins vitaux minimum. L'Europe passe de 86 millions d'individus en 1300 à 65 millions en 1400, soit une diminution de 21 millions après la grande peste qui, de 1346 à 1353, a tué, en moyenne, un tiers de la population. Le mot "Re-naissance", à mon avis, peut être pris dans son sens propre.

- Aujourd'hui nous sommes au XXIème siècle. En Europe, l'Homme est libéré, il vit beaucoup plus longtemps, l'instruction est donnée gratuitement, la connaissance est accessible à chacun et personne ne meurt de faim. Aujourd’hui, en Europe tout est plus facile car des machines nous aident et effectuent les parties les plus dures du travail. D'aucuns voudraient même qu'elles pensent à notre place….

Les besoins de base et même ceux qui sont superflus sont assurés. Chacun, s'il le veut, a la possibilité de réfléchir à ce qui est bon pour l'Homme et chacun a loisir d'en tirer sa morale et son mode de vie respectueux du bien commun et de l'intérêt général. Le problème est que le temps ressenti s'est accéléré. On ne veut même plus laisser les enfants s'ennuyer un instant. Il leur faut immédiatement un dérivatif électronique.

C'est que nous sommes passés de l'égrènement des 24 heures ponctuées par des sonneries de cloches, que tous entendaient, aux 86 400 x 10 puissance 9 nanosecondes de nos jours actuels, brefs et contractés.

Plus les tailles se réduisent et plus la temporalité s'affole de manière physiologique. L'appréciation du temps est fonction de la taille :

- nous "homo-sapiens" comptons notre vie en années et décennies,

- "siphonaptéra pulicidé" ou "pulex-icis" compte sa vie en jours : 60 environ, et aime les êtres à sang chaud dont nous faisons partie.

Chacun, comme disent les entomologistes, vit dans sa niche et tout va bien.

- Mais une nouvelle espèce est apparue et elle nous convient car elle travaille pour nous : il s'agit de "Radfreideda silicimus".

 

Vous savez tous parfaitement de quoi je veux parler. Cependant, pour éclairer un éventuel non-initié ou un visiteur égaré, je vous précise que "siphonaptéra pulicidé" est une des 2500 espèces de puces ! et que "Radfreideda silicomus" est une puce RFID (Radio Frequency Identification Data) construite à base de silicium. Une puce électronique est un circuit imprimé dont l'unité de temps de réaction se compte en nanosecondes.

 

Tous les acteurs étant identifiés, nous revenons à l'humanisme, celui qui a vocation à mettre l'Homme au-dessus de tout.

- Pour y parvenir, à l'époque de la Renaissance, il fallait séparer l'homme de dieu et de son dogme qui régissait, alors, toutes les activités. Je parle du dieu des catholiques. Le rituel indispensable à la satisfaction et à la gloire de dieu avait des horaires strictement définis pour chacun, en fonction de sa proximité de la divinité : clerc ou laïc. Cette séparation fut un pas énorme, une avancée intellectuelle rationnelle prodigieuse. Mais relativisons : dans la vie de tous les jours, "la vraie vie" comme nous disons, un dieu ne fait pas beaucoup de travail à notre place. Ses actions concrètes sont inexistantes. Il n'est même pas capable de demander aux puces de nous laisser en paix.

- Aujourd'hui, pour ceux qui se sont séparés de dieu, dont les humanistes, c'est la technologie qui régit les activités humaines. Nous y sommes tous soumis en permanence et ne pouvons pas nous en séparer car nous sommes incapables d'une approche rationnelle de ce sujet. Cette technologie, plus encore que dieu, ne laisse aucun instant de répit. Couper son lien - téléphone, Smartphone, tablette - plus de deux heures, demande beaucoup de force de caractère. Je pense surtout aux moins de 40 ans. Au mieux, l'appareil sera sur "silence" ou "réunion" mais il continuera d'être présent et de sonner ou bipper même la nuit, à l'heure où dieu accorde le repos à ses clercs.

- Les développements technologiques prolifèrent comme les cellules d'un cancer. C'est ainsi parce que l'Homme, de par sa nature, cherche sans cesse… et trouve. Rien ne peut l'arrêter.

Les inventions nous apportent du superflu ou des améliorations de confort. C'est donc bien, sauf que l'Homme à qui tout cela s'adresse n'est plus le même. Il s'agit de l'individu personnel et égoïste mais pas de l'Homme avec un grand H des Francs-Maçons.

 

La capacité d'attention est sans cesse détournée. Les plus habiles sont capables de rédiger des mails ou des SMS pendant une conversation. Mettre l'Homme au centre c'est aussi essayer de comprendre l'autre. En ce moment je suis un privilégié. Vous n'êtes pas dérangés par des messages importants du genre : "devine où je suis ?", "le résultat du match est ….". Vous pouvez ne pas m'écouter mais vous m'entendez et vos pensées vagabondes ne seront jamais très éloignées du sujet.

 

Lorsque je parle de technologie, ce qui m'inquiète ce sont les modes de communication et d'information derrière lesquels règnent deux nouvelles divinités : algorithme et nanoseconde. Nanoseconde est un concept récent, j'en ai déjà parlé. L'algorithme, concept crée par les Grecs, travaille pour nous car ce sont des règles opératoires permettant de résoudre un problème à l'aide d'un nombre fini d'opérations et ce, en quelques nanosecondes dans un circuit électronique!

Vous connaissez sans doute/peut-être le trading haute-fréquence qui concerne l'achat et la vente d'actions en bourse. Ce sont des automates très rapides qui, grâce à des algorithmes judicieusement paramétrés, s'insèrent instantanément entre vendeur et acheteur et raflent, ainsi, les meilleurs prix. Les données sont transmises par de la lumière pulsée dans des câbles de fibre optique, à la vitesse d'un mètre toutes les 3 nanosecondes, autrement dit plus de 300 km par seconde. Ou encore, aux arrondis près, 20 000 km par minute. Le tour du monde au 45ème parallèle en 1.30 minute. L'avantage concurrentiel recherché par ces sociétés de trading est d'être situé le plus près possible du serveur de la bourse car chaque nanoseconde compte !

 

Les avancées technologiques profitent à l'individu et les inventions ne prospèrent que si elles sont susceptibles d'être achetées, au final, par tous les habitants de la planète. Le marketing est là pour rendre le superflu nécessaire et reléguer le nécessaire à la solidarité re-distributive. Je veux pour exemples les dépenses de tabac, de portable ou de loisirs qui passent avant les dépenses de santé pour lesquelles, en France, nous réclamons une prise en charge totale … que nous assumons tous, en final !

 

Revenons à l'humanisme. A quel niveau faut-il se placer ? Au niveau de l'humanité ou au niveau du groupe ? En ce qui concerne l'Homme comme espèce, mon opinion est que nous sommes dans le déni total.

La disparition de notre espèce devrait se produire, en étant optimiste, avant 5 siècles. Je ne me transforme pas en prêcheur de l'apocalypse. J'essaye simplement d'être rationnel avec les éléments dont nous disposons tous aujourd'hui : 7 milliards en 2013, 10 milliards en 2050, ce qui devrait donner avec les progrès de la médecine et de la chirurgie, environ 25 milliards en 2100, quand les enfants qui naissent aujourd'hui auront 86 ans.

Les spécialistes, qui parfois se trompent, disent que le maintien de l'équilibre écologique à long terme - donc de la vie de notre espèce - sur notre petite planète est, pour les optimistes, de 6 milliards d'individus au maximum. Les chiffres moyens font plutôt état de 4 milliards.

Nous nous intéressons égoïstement aux détails du présent pour ne pas regarder trop loin dans le futur car nous y verrions notre mort. Le déni fait partie des mécanismes primaires de survie.

 

Je suis parti des nanosecondes et je vous jette en pleine face la question cruciale : "que devons nous faire pour éviter que la progression géométrique de la population ne fasse disparaître brutalement l'humanité d'une manière effroyable ? "car c'est bien connu", "les arbres ne montent pas jusqu'au ciel".

 

Sommes-nous capables d'une vision humaniste globale qui laisserait une chance à l'Homme avec un H ?

 

J'ai dit


 

soleil-vert-1973-07-g


"Soleil vert"

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24 octobre 2013 4 24 /10 /octobre /2013 20:39

 

 

 

Symbolisme de l’équerre.

 

Au sens premier du terme : l’équerre, instrument de géométrie, représente la perpendicularité, l’angle droit. Seuls les objets construits par l’homme comportent des angles droits. Exemple : un édifice. Utiliser l’équerre, c’est donc en un sens consruire.

 

Au sens second du terme : l’équerre représente l’édification intellectuelle, sprituelle et morale. Utiliser l’équerre, c’est donc progresser et faire progresser autrui. C’est également produire, faire oeuvre pour la postérité.

 

Le franc-maçon utilise l’équerre pour s’améliorer continuellement. L’équerre est souvent représentée avec le compas.

 

Le fil à plomb.

 

Au sens premier du terme : le fil à plomb semble, en apparence, assez similaire à l’équerre. En réalité, il n’en est rien. Il suffit d’utiliser l’un et l’autre dans une pente pour constater qu’ils n’indiqueront pas la meme direction. Le fil à plomb obéit à la loi gravitionnelle et pointe vers le centre de la terre, ou d’une façon plus générale de l’astre.

 

Au sens second du terme : le fil à plomb représente l’introspection, la connaissance de soi, la recherche de la vérité et de la sérennité au plus profond de soi. En cela, il permet d’acquérir une certaine sagesse.

 

Le franc-maçon utilise le fil à plomb afin de trouver la voie qui lui semble la plus juste. Le fil à plomb est disposé au dessus du pavé mosaïque et pointe en son centre, sur une ligne. La ligne représente l’équilibre entre le noir et le blanc, le ying et le yang, la thèse et l’antithèse. Le fil à plomb permet donc au franc-maçon, à l’issue d’une introspection, de trouver son point d’équilibre, sa voie. Ce travail doit l’amener à s’affranchir des normes et des dogmes, en vue de penser par lui-même et d’atteindre ainsi une vérité non pas absloue mais relative.

 

Relation entre équerre et fil à plomb.

 

Ces outils sont alternativement nécessaires : le fil à plomb pour trouver la voie juste, l’équerre en vue d’édifier, au profit d’autrui mais aussi de soi-même.

 

L’équerre sans le fil à plomb : c’est la primauté donnée à l’action, sans s’interroger sur les fondamentaux. On risque de s’égarer dans un productivisme vain ou bien d’agir sans conscience.

Citation de François Rabelais : ‘Science sans conscience n’est que ruine de l’âme’.

 

Le fil à plomb sans l’équerre : c’est la réflexion, la contemplation, l’abstraction. C’est le risque de s’enfermer dans une forme de foi (conviction en la véracité d’un ensemble de croyances) ou d’esthétisme (contemplation de la beauté érigée en valeur absolue). Cette posture ne permet pas, seule, d’aider au progès de l’humanité ni même au dépassement de soi.

Citation de Gustave Flaubert : ‘'J'ai toujours tâché de vivre dans une tour d'ivoire ; mais une marée de merde en bat les murs, à la faire crouler…’'

 

J’ai dit.

 

Equerre

 

Equerre à fil à plomb, Musée du Caire

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10 octobre 2013 4 10 /10 /octobre /2013 21:31

 

 

 

Au Moyen Age et à Renaissance circule un livre mythique dont on ne connaît guère les auteurs « Le livre des Trois Imposteurs, Moïse, Jésus, Mahomet ». Mais avant de passer à ce livre il faut dire que l’origine des critiques antireligieuses est mal connue. On attribue cette première notion à Abu Tahir.

Celui-ci s’empare de la Mecque en 930, tue des pèlerins, pille la Mosquée, et emporte la Pierre Sacrée.

Il déclare : »En ce monde trois individus ont trompés les hommes. Un berger, Moïse, un guérisseur, Jésus, et un chamelier, Mahomet, et ce chamelier a été le pire escamoteur, le pire prestidigitateur des trois ».

En 1190 Averroes, qui excellait en médecine, juriste arabe vivant en Espagne et qui avait une notoriété importante déclare « la religion judaïque est une loi d’enfants, la chrétienne d’impossibilité, la mahométane de pourceaux. »

Les critiques religieuses se développent et les églises réagirent violemment par la répression, notamment la chrétienne. L’inquisition, mise en place pour lutter contre les Cathares, joue un rôle important et les bûchers flambent dès que les dogmes sont remis en question.

Prenons quelques grandes étapes pour voir l’évolution de l’hérésie :

Au début du 13em siècle Simon de Tournay à l’Université de Paris est accusé d’hérésie car il reprend la thèse des Trois Imposteurs.

En 1344 les relevés de l’Inquisition montrent le procès de Thomas Scoto en Espagne qui est envoyé au bûcher car il déclare que :

  • Moïse Jésus et Mahomet sont bien des imposteurs

  • L’âme n’existe pas et disparaît après la mort

  • La virginité de la Vierge est une fable

  • Le jugement dernier et la résurrection des morts sont des mensonges

  • Jésus n’est qu’un magicien

Les ténèbres s’abattent sur la libre expression, l’hérésie un crime, les grands courants religieux se développent à travers les pèlerinages.

En 1502 Herman de Rijswijck est condamné à vie et au bûcher dix ans après. Pour mériter la mort il déclarait :

  • Le monde a existé de tout temps, la création du monde est une invention stupide de Moïse

  • L’enfer n’existe pas

  • Il n’existe rien après la vie

  • Jésus est un imbécile et les hommes se battent bêtement à cause de lui.

Mais en 1517 un séisme ébranle le christianisme avec Martin Luther qui publie les « 95 thèses » dénonçant les travers de l’Église. Ce n’est pas pour autant que les critiques des dogmes du christianisme sont tolérés. La mort est toujours au bout de la critique.

En 1540 Jacques Gruet, à Genève, affronte un fanatique, Calvin qui arrive à le faire décapiter pour « libertinisme » en 1550 pour avoir dit :

  • Moïse est un pauvre être

  • La Vierge Marie est une paillarde

  • Jésus, un fou et un menteur

  • Dieu n’est pas le créateur de la vie, ni du monde

En 1593 Marlow est poignardé par un fanatique pour avoir déclaré que :

  • Moïse est un jongleur, qu’il a passé 40 ans dans le désert alors qu’un seul aurait suffit, que la religion est faite pour faire vivre les gens dans la crainte

  • Le Christ est un bâtard, sa mère malhonnête, que les juifs l’ont crucifié car ils savaient qui il était, qu’il fréquentait les prostituées de Samarie, qu’il sodomisait Saint Jean l’Évangéliste.

Mais en 1574 un livre parait qui va faire grand bruit. Il est écrit par Geoffroy Vallée. Hédoniste, épicurien, cet homme a l’audace de publier une analyse des comportements et des réactions des hommes face à Dieu.

Il osera même le publier de son nom. Il trouvera un certain nombre de catégories qu’il répertoriera dans un livret intitulé «  L’art de ne croire en rien ou le Fléau et la foi ».

Son analyse est qu’il doit bien y avoir un Dieu mais il n’a pas de réponse et le monde vit sous l’oppression religieuse.

Quelles sont les catégories qu’il dégage, en ayant un peu une vision prémonitoire ?

Le vrai catholique

On lui a « engendré » la croyance en Dieu, soit par conviction, par la foi environnante, ou la peur. Cette croyance est mauvaise et misérable, et de là viennent tous les maux, elle est source de toutes les abominations. Cette croyance entretient l’ignorance des gens qui restent benêts toute leur vie.

Le papiste

Il est inféodé à la religion et au pape, influencé dès sa naissance et y croit toute sa vie, répète comme un perroquet ce qu’il entend. Il vit dans la crainte d’être brûlé dans ce monde ou dans l’autre. N’étant pas intelligent il risque de se comporter comme une bête pour imposer ses idées, devient fou et méchant. C’est un fanatique acharné et règne en cultivant l’ignorance. (les intégristes actuellement)

Le libertin

N’a ni croyance ni incroyance, pense que les religions rendent l’homme plus misérables, et que la religion profite des hommes. Le doute est sa façon de penser. Il veut le bien pour lui et Dieu ne lui apporte rien.

L’athée

Il croit (à tord) qu’il n’y a point de Dieu. Il se dit en être sur mais en fait il ne sait rien, et il perpétue un système de non croyance qui peuvent donner des systèmes autoritaires. (actuellement Staline et Mao)

Finalement cet auteur pense qu’on peut vivre sans l’idée d’un Dieu existant, mais son Dieu est un dieu de savoir, non de foi et de croyance. En fait il est déiste. Dieu est dans l’intelligence des êtres et des choses, non dans le religieux. On atteint dieu par le savoir et la compréhension du monde et de soi et non par le bourrage de crâne. Les religions sont obscurantistes, et crétinisent ceux sur qui elles assurent leur emprise. Il prône l’amitié, le savoir, la vérité, la raison.

Cet homme a osé signer son texte, et ses parents ont tout fait pour le faire passer pour fou. Mais le confesseur de Charles IX, l’évêque de Nevers, Arnaud Sorbin, adversaire de la Réforme et de la libre pensée obtient l’autorisation du roi de le mettre à mort. Il est pendu et brûlé demi-vivant le 9 février 1574 à l’âge de 24 ans en place de grève. Les jésuites s’en félicitèrent !!

En 1656, un autre philosophe propage ses idées « hérétiques », Spinoza, qui sera excommunié, considéré comme athée. Je ne développerai pas ici ses propos et sa vie qui méritent une planche !!

Mais le livre des Trois Imposteurs continue à être véhiculé. On en trouve deux versions (1668 et 1713).

Globalement qu’elles sont les idées de base de ce livre ?

  • Qui a créé Dieu ? Dieu n’est pas plus compréhensible que l’infini de l’Espace et du Temps, et par ce principe même il pourrait y avoir plusieurs Dieux

  • L’infini est une notion que personne ne comprend

  • Les gens se battent au nom du même Dieu

  • Si Dieu est amour, pourquoi a-t-il créé l’homme, cet être si méchant ?

  • Pourquoi Dieu a-t-il livré l’Humanité à la peine suite à la faute d’un seul homme ?

  • Pourquoi l’honorer alors qu’il nous fait souffrir ?

  • Les gens de l’Église se paient du luxe sur le dos du peuple crédule.

  • Qui croire entre Moïse, Jésus et Mahomet qui ont tous eu une « révélation » dans le désert et sans témoin, et qui en ont écrit des fadaises, trompés les hommes par leur crédulité en leur racontant n’importe quoi ? Ils sont des vantards en faisant croire qu’ils sont en liaison directe avec Dieu.

  • Que dans les trois religions l’une sert de base à l’autre, Moïse sur le Paganisme, Jésus sur le judaïsme, Mahomet sur le Christianisme, mais qu’elles se critiquent toutes en disant qu’elles sont les meilleures.

  • Que leurs représentants sont passés maître dans l’Art de bourrer la tête des gens et qu’ils ont intérêt à ce que les gens restent ignorants pour ne pas les contester. Qu’ils imposent leur idée par la peur (jugement dernier, enfer..)

  • Qu’en conséquence ces représentants ont une aversion pour les philosophes et les savants

  • Que les miracles et autres songes ne sont que des tromperies, et que les représentations de Dieu laissent à rire.

Mais en fait ce livre critique les systèmes, car pour les « auteurs » Dieu existe et est bon, il suffit de regarder la nature.

Au 18ème siècle la polémique est toujours présente, mais on ne brûle plus les contestataires !!

Le livre est repris par Paul Henri Thiry, baron d’Holbrach qui analyse :

  • les origines de la vie, la nature

  • les prophètes et les raisons qui ont engagé les hommes à se figurer un être invisible qu’on appelle communément Dieu

  • les religions, et leur pluralité

  • De l’âme, des démons

Puis Voltaire se mêle du débat et écrit en 1768 un « Épître à l’auteur du Livre des Trois Imposteurs ».

Insipide écrivain, qui croit à tes lecteurs

Crayonner les portraits de tes Trois Imposteurs,

D'où vient que, sans esprit, tu fais le quatrième?

Pourquoi, pauvre ennemi de l'essence suprême,

Confonds-tu Mahomet avec le Créateur,

Et les œuvres de l'homme avec Dieu, son auteur?...

Corrige le valet, mais respecte le maître.

Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre :

Reconnaissons ce Dieu, quoique très-mal servi.

Il lui dit qu’il en est un 4ème, que la notion de Dieu est indispensable, et a toujours existé pour les hommes.

Très long épître dans lequel apparaît la phrase célèbre «  Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer ».

L’importance de ce livre et l’hérésie vont progressivement s’atténuer dans l’esprit des gens. C’est le siècle des Lumières, l’émergence de la philosophie et de la Science. Un monde nouveau va apparaître.

 

J’ai dit

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 20:54

 

 

 

Vous assistez dans la rue au spectacle d'un homme giflant une femme ! Vous êtes scandalisé ! C'est une agression !

Vous assistez dans la même rue au spectacle d'un homme frappant son chien : vous êtes scandalisé ! C'est de la cruauté !

Vous assistez, toujours dans la même rue, au spectacle d'un homme ou d'une femme giflant un enfant. Vous n'êtes absolument pas scandalisé, c'est de l'éducation !

 

C'est ce que j'appelle ''la petite violence ordinaire'' ou la brutalité éducative.

 

Il y a quelques semaines, j'entends mon frère Yves et néanmoins mari, s'exclamer en lisant le journal : “ça alors !!! on est quand même libre de faire comme on veut chez soi !!”. Il lisait le énième article évoquant l'éventualité d'une loi interdisant l'usage de la gifle ou de la fessée par les parents dans le cadre de l'éducation de leurs enfants. Sa réaction était plus motivée par l'aspect intrusif d'une telle loi que par une revendication personnelle à la brutalité dans le domaine éducatif. Il rejoint, cependant, une forte majorité de français opposés à toute législation abolitionniste des châtiments corporels, sensés être “éducatifs”.

 

S'en est suivi une discussion qui est à l'origine de ce travail.

 

Pendant ces cinquante dernières années, presque toutes les sociétés ont prodigieusement évolué dans de nombreux domaines : scientifique, technique et social.... Or, en ce qui concerne l'éducation, pour ne pas dire le dressage des enfants, les mentalités et les comportements sont restés extrêmement archaïques et assez proches de l'enseignement de la bible des catholiques, à l'origine du fameux ''qui aime bien, châtie bien''. Je ne connais ni le Coran ni la Torah mais je peux imaginer sans peine qu'on y propose exactement la même chose.

 

La paix dans le monde et l'éradication de la violence comptent parmi nos grands fantasmes : humains en général, Francs-maçonniques en particulier, ce qui est très bien ; mais quand on sait que l'éducation d'un enfant repose avant tout sur l'imitation et donc sur l'exemple, on peut se poser la question de l'influence de la brutalité éducative sur l'aptitude à la violence des futurs adultes. En tous cas, lorsqu'on frappe un enfant, la première chose qu'on lui apprend, ce n'est pas à être sage ou à obéir mais à imiter le geste de frapper.

 

La violence éducative a marqué toute l'histoire connue de l'humanité puisque à partir de l'apparition de l'écriture - 3300 ans avant notre ère -, c'est-à-dire plus de 5000 ans : dès la civilisation Sumérienne et celle de l’Égypte ancienne, des proverbes recommandaient déjà de frapper les enfants. On ne saura donc jamais si la paix aurait pu régner s'il en avait été autrement.

 

La Suède s'est montrée très avant-gardiste. Tout d'abord, en 1957, ce pays abolit la disposition du code pénal qui excuse les parents d'avoir commis des sévices corporels mineurs sur leurs enfants.

 

En 1979, c'est le premier pays du monde à abolir les punitions corporelles en ajoutant la clause suivante à son code de parentalité et de tutelle : ''les enfants doivent être traités dans le respect de leur personne et de leur individualité et ne peuvent être soumis à un châtiment corporel ou à tout autre traitement humiliant''. L'ensemble des pays scandinaves ont assez rapidement suivi l'exemple.

 

En 2013, l'Europe compte 22 pays abolitionnistes mais la France n'en fait toujours pas partie. Il faut préciser, cependant, qu'à partir de 1976, l'émission de Françoise DOLTO sur France Inter, ''Lorsque l'enfant parait'', fait évoluer les mentalités et adoucit de manière sensible les habitudes éducatives des français. Le martinet, notamment, disparaît de la panoplie indispensable aux familles pour faire régner l'ordre dans les foyers.

 

La violence contre les enfants n'est rien d'autre qu'une violation des droits de l’homme. En 1989, la France a pourtant ratifié la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant, entrée en application en 1990 et qui précise dans son préambule que ''conformément aux principes proclamés dans la Charte des Nations Unies, la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine ainsi que l'égalité et le caractère inaliénable de leurs droits sont le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde''. Ce n'est sans doute pas assez clair car la France continue d'hésiter à légiférer comme si les droits de l'enfant n'étaient pas altérés par la brutalité éducative, deux domaines différents en quelque sorte, à ne surtout pas mélanger.Cettebrutalité reste donc monnaie courante en France et dans les pays d’Europe qui ne l'interdisent pas, et bien évidemment dans toutes les cultures du monde.

 

Il y a plus de quatre ans, je lisais dans un quotidien français: “2009 pourrait être l'année de l'abolition de la fessée”. Or, dans le même article, on pouvait lire que 87% des parents interrogés pratiquaient cette correction sans état d'âme et, le même pourcentage, approximativement, se disait opposé à une législation pour l'interdire. Nous sommes en 2013, on retrouve dans les mêmes journaux, la même question : “ à quand l'abolition de la fessée ? ” avec toujours les mêmes réactions et, approximativement, les mêmes résultats dans les sondages.

 

Je n'imagine évidemment pas que l'objectif fondamental d'une telle loi soit de faire jeter des parents en prison après que leurs enfants aient porté plainte contre eux. Mais je suis convaincue que cette loi, lorsqu'elle sera votée changera d'abord l'angle de vue et fera ensuite évoluer les mentalités : il faudra apprendre à considérer l'enfant non pas comme une bête sauvage à dresser mais comme un être humain à part entière, un adulte en devenir qu'il faut guider sur le chemin initiatique de la maturité. Mais dire qu’il est inutile de légiférer sous prétexte qu’on ne peut pas surveiller tout le monde, ou parce que la loi parait inapplicable, est un argument spécieux : la législation limitant la vitesse sur les routes a fait diminuer le nombre d'accidents et il n'y a pas un radar tous les cents mètres ni un policier dans chaque voiture !

 

Je fais remarquer avec une certaine ironie que des associations, fortement mobilisées, ont obtenu une législation obligeant les transporteurs de bétail à assurer un plus grand confort et un stress minimal aux bêtes conduites à l'abattoir ! Personne, et c'est heureux, ne s'est opposé à une telle législation, mais une loi est envisagée pour interdire de brutaliser les enfants et les français se scandalisent !!

 

Les spécialistes de l'éducation s'accordent pourtant à reconnaître, depuis un certain temps déjà, que les châtiments corporels n'ont absolument aucune valeur éducative mais que leur seul intérêt consiste à défouler les parents ! Au nom de quoi aurait-on le droit de se défouler sur ses propres enfants alors que la loi punit ceux qui le font sur leurs concitoyens ? A qui viendrait-il à l'esprit de gifler un collègue parce qu'il est irritant ? et imagine-ton un patron battant un employé qui ne comprend pas assez vite, qui est agité ou qui parle trop fort ?

 

Personnellement, j'ai beaucoup de mal à accepter qu'un État qui, depuis longtemps, a voté des lois interdisant et punissant les citoyens qui agressent leurs semblables, persiste à ne pas trouver anormal d'agresser des enfants.

 

Enfin, l'un des aspects de la brutalité parentale et non des moindres, c'est la dérive possible vers des comportements nettement plus violents, ceux qui mènent à la maltraitance.

 

En recherchant sur internet des éléments concernant les pays abolitionnistes, j'ai découvert le site de l'OVEO : Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire, dont le fondateur, Olivier MAUREL, est intervenu après l'affaire de la petite Marina, massacrée par ses parents.

 

Je vous lis un extrait de son intervention :

 

''Seul notre aveuglement nous empêche de voir la continuité entre les gifles et les fessées et la maltraitance qui blesse et qui tue. L'escalade de la gifle ou de la fessée, considérées comme bénignes et même éducatives, à la maltraitance peut s'effectuer facilement, surtout si l'on a été soi-même maltraité dans l'enfance. La violence subie dans l'enfance, légitimée par l'opinion publique (" Une bonne fessée n'a jamais fait demal à personne ! "), peut devenir violence sans mesure quand l'enfant se rebelle et fait front. C'est en grande partie parce que presque tout le monde considère qu'il est normal de frapper les enfants que certains les frappent sans limites.

 

Si l'on compare à un iceberg l'ensemble de la violence infligée aux enfants par leurs éducateurs, la maltraitance est sa partie émergée, dénoncée, condamnée, mais elle n'existerait pas sans les neuf dixièmes de sa base immergée qui la soutient. Tant qu'on ne s'attaquera pas à cette base, tant qu'on justifiera la violence sur les enfants jusqu'à un certain point (gifles, fessées, humiliations…), il y aura toujours une forte minorité de parents qui, pour des raisons diverses, franchiront toutes les limites jusqu'à blesser, torturer ou tuer leurs enfants.

 

Il faut, bien sûr, améliorer les mesures de vigilance à l'égard de la maltraitance, et notamment donner aux médecins, au cours de leurs études, une réelle formation pour la détecter. Mais, l'expérience de la Suède et des pays scandinaves le montre, la seule mesure qui réduit réellement les cas de maltraitance c'est l'interdiction de toute forme de violence, si faible soit-elle, à l'égard des enfants.

 

Il est scandaleux qu'en France, alors qu'il est interdit de frapper un adulte qui peut se défendre et porter plainte, on considère comme normal et éducatif de frapper un enfant qui ne peut ni l'un ni l'autre. Considère-t-on comme une intrusion inacceptable de l’État dans la vie familiale le fait d'interdire la violence conjugale ? Trouverait-on normal d'admettre la violence jusqu'à un certain point à l'égard des femmes comme on le fait à l'égard des enfants ? Fin de citation.

 

Et pour terminer sur un clin d’œil, je signale que chez nos cousins les plus proches, les singes Bonobos, petit peuple très paisible et sans conflit, les petits, j'allais dire les enfants, sont toujours traités avec une extrême douceur. Mais il n'est sans doute pas inutile de préciser que les Bonobos ont une organisation matriarcale.

 

 

J'ai dit

 

 

 

 

 

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26 septembre 2013 4 26 /09 /septembre /2013 14:59

 

 

Le mot symbole vient du latin symbolus "signe de reconnaissance" et du grec sumbolon "objet coupé en deux constituant un signe de reconnaissance quand les porteurs pouvaient assembler les deux morceaux".

 

Un symbole est ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance analogique.

C'est un objet ou une image qui, dans un groupe social donné, évoque, par sa forme ou sa nature, une association d'idées spontanées avec quelque chose d'abstrait ou d'absent. C'est un élément ou énoncé descriptif qui est susceptible d'une double interprétation, sur le plan réaliste et sur le plan des idées.

 

La fonction du symbole est de créer des liens, de permettre de se reconnaître dans l'appartenance à un groupe. Le symbole instaure une solidarité entre les membres de cette communauté. Le symbole définit les contours d'une réalité choisie et partagée. Il introduit du sacré et participe à la pérennité d'une institution. Il favorise l'imaginaire, l'idée et établit des références communes.

 

D'une façon naturelle, l'activité de l'imaginaire se passe d'apprentissage.

 

A partir du symbole, mon imaginaire se déploie, s’étend, joue, et part à la rencontre de votre imaginaire.

 

La pierre est roche, caillou.

Elle peut être naturelle ou artificielle.

Elle est résistante.

Elle peut servir à construire, ou à élaborer une œuvre d'art.

Elle peut être de taille.

Elle peut être dure.

Ou tendre.

Elle se décline, de la matière au mystère : pierre d'adulaire, noire, perdue, tombale, levée, infernale, gélive, fromentaire, pierre de scandale, de lune, millière, pierre polie, précieuse, philosophale.

 

Ce qui est brut est dans l'état grossier où la nature l'a produit, ce qui n'est pas poli, taillé. Brut peut se dire des manières, de l'esprit, du caractère grossier. Le brut renvoie au primitif, au naturel. Il peut être une forme d'art, tourmenté ou visionnaire.

Les mots enferment ou ouvrent, selon notre état d'esprit, notre place, notre humeur, nos représentations, selon le masque de notre personnalité que nous portons.

 

La pierre brute à l'âge de son histoire, celui de son élaboration, de son passage au travers des siècles et de sa résistance aux éléments, aux grands bouleversements tectoniques, séismes, plissements géologiques.

La pierre brute nous renvoie à la nuit des temps, aux héritages, aux mythes ancestraux et aux forces de la nature.

Elle évoque l'homme, la conscience et la connaissance qu'il a de son milieu, les sciences qu'il a développé et transmis, la place tellement particulière qu'il occupe dans son environnement.

 

La Pierre Brute est dans le temple où se tiennent habituellement les tenues de la loge Lumières et Laïcité.

Elle est posée sur la première marche.

Elle passe ainsi de la lumière à l'obscurité et de l'obscurité à la lumière au rythme de la vie et de la veille du Temple.

Elle n'est pas visible de ma place d'apprenti. Invisible et présente, rugueuse, massive et sombre.

A l'installation du temple pour la tenue du 13 juin, la pierre n'est pas à la place où je m'attendais à la trouver, sur la même marche que la pierre taillée. Elle est sur la marche du dessus, couchée et en retrait, légèrement dissimulée. Le pierre brute n'est pas fixe. Je la change de place. Ce faisant, je la retourne. Je découvre une autre face, mystérieuse, taillée, droite, avec des encoches profondes, régulières. Je me sens comme pris en défaut. Je n'ai pas eu l'autorisation de contempler la face du mystère. En la retournant, je la retrouve comme je l'avais déjà vue : brute, grossière. Je la place. Ne va-t-elle pas gêner l'accès à l'Orient, faire trébucher le vénérable ou le secrétaire ?

Lors de cette tenue, j’apprends que j'ai le droit de vote. Je suis dérouté. Comment voter sans avoir des éléments suffisants sur la question posée ? S'abstenir ? Ce n'est pas la bonne attitude. Je dois assumer mon droit de vote, à la place que j'occupe, avec ses limites.

C'est le jour du vote pour la fonction de vénérable maître.

Il y a bien une face cachée derrière la face brute, dont j’aperçois certains reliefs, sans avoir la vision de l'ensemble, le dessein de la structure complète. Je fais ce jour là un vote à la manière brute. A l'instinct. En fonction de ce que je connais de la loge, de ce que je suis et de ce que j'ai dans mes bagages.

A la tenue du 27 juin, la pierre est redescendue d'une marche. Elle est posée sur la face opposée. Je la découvre une fois de plus différente. Je ne suis pas seul face à la pierre, ni seul à disposer d'elle, de son positionnement, de son orientation.

 

Juillet.

Ma pierre brute est à l'extérieur du temple, dans l'entre deux, entre le profane et le sacré. Alors que je chemine dans les Œuvres autobiographiques de Blaise Cendrars, cet athée amoureux du sacré, elle est caressée par ce passage :

Le monde est un complexe formidable. Il est fait des mauvais exemples de nos semblables, des doctrines communément répandues, des idéologies contagieuses généralisées, des enchaînements de toutes nature contre lesquels chaque individu a à se débattre continuellement. Comment est-ce possible que le cœur de l'homme soit un champ de bataille ? Pourquoi ces contradictions intimes et inévitables qui sont en nous-même, qui sont nous même.

 

Au texte de Cendrars, j'ai enlevé mauvais, placé devant exemple. Il n'y a pas de mauvais exemple, il n'y a que des exemples, dont certains sont exemplaires. Je me suis approprié le texte, comme Cendrars se l'est approprié à partir d'un ouvrage de Léon Cristiani, ''Jean Cassien, la spiritualité du désert''. Léon Cristiani est un prélat, historien, théologien, universitaire français, né en 1879 et mort en 1971. Jean Cassien, moine et homme d'église, est né vers 360 en Scythie et mort vers 435 à Marseille. La Scythie est le pays des Scythes, peuple d'origine iranienne vivant dans les steppes au nord de la Mer Noire, principal représentant de l' « art des steppes », peuple dont certaines tribu restèrent nomades.

 

Le monde est un complexe formidable. Il est fait des exemples de nos semblables, des certitudes communément répandues, des points de vue contagieux généralisés, des enchaînements de toutes nature contre lesquels chaque individu a à se débattre continuellement. Comment est-ce possible que le cœur de l'homme soit un champ de bataille ? Que faire de ces contradictions intimes et inévitables qui sont en nous-même, qui sont nous même ?

 

Quelque chose aura donc voyagé sur une période d'un peu plus de 1600 ans, d'un lieu que certains situent sur l'actuelle Roumanie jusque dans une jeune loge du Grand Orient de France, « Lumières et Laïcité ».

 

En disant que ma pierre brute est entre le profane et le sacré, j'emploie le mot sacré, alors que lors de mon initiation, j'ai dit ne pas savoir ce qu'était le sacré. Ceci est une marque de polissage de la pierre brute. Aujourd'hui, j'ai une représentation du sacré. Le sacré s'impose et institue.

 

Août.

Ma Pierre brute reprend sa place dans le Temple.

 

La pierre brute est le symbole de la place et de la condition d'apprenti franc-maçon. Elle est le premier bijou fixe du temple.

Déjà, dans le cabinet de réflexion, elle est apparue : V.I.T.R.I.O.L. (Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies Occultam Lapidem). Visite l'intérieur de la Terre, et en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. C'est une invitation, à voyager différemment, à cesser de parcourir la surface du monde, à prendre une direction nouvelle, inhabituelle et inconnue. A la condition de changer ma façon d'agir, ce qui va impliquer de la ténacité, de l'endurance, de la volonté, je trouverai la pierre cachée. Il n'est pas dit en combien de temps. Aurais-je à m'armer de patience ? Aurais-je à garder l'objet de ma quête en mémoire ? A l'oublier ? Il n'est pas dit non plus si la pierre découverte sera brute ou taillée. J'ai la conviction qu'elle sera comme la pierre brute de la loge Lumières et Laïcité, brute sur une face, et taillée d'une façon singulière sur sa face cachée.

 

L'apprenti est à la fois la pierre et celui qui a la charge de la dégrossir.

La transformation sera lente, en raison de la densité de sa matière. N'espérez pas mes frères, mes sœurs, tailler vous-même la pierre de l'apprenti qui a cependant entendu votre invitation à se saisir du maillet et du ciseau que vous lui tendez.

Je suis la pierre et je m'inscrit dans la communauté des francs-maçons. Cette inscription est aussi ce qui va polir ma pierre qui va s'assembler à d'autre pierres dans un dessein ambitieux et collectif.

 

Je suis la pierre brute.

Et si je meurs demain ? Si je meurs, la pierre ne disparaîtra pas. Elle est à la fois la mort et la vie, la certitude de ma disparition et l'assurance de l'apparition de la conscience d'un nouvel apprenti. Elle est ma part nouvelle de communauté choisie, le vestige d'un passé et la construction d'un avenir d'humanité partagé.

 

J'ai établit mon plan d'action, ma ligne de conduite pour commencer à tailler ma pierre :

« Imites avec soin ce que tu rencontres de louable chez les autres et corriges en toi ce qui te paraît imparfait chez eux. »

Je polis ma pierre, doucement, patiemment, chaque fois que je vois chez quelqu'un quelque chose qui me dérange. Le chemin est et sera long. Me dire que je ne juge pas. Mais dire que je ne juge pas n'est pas ne pas juger. Ne pas juger est une posture qui se travaille, laborieusement. Commencer par ne pas dire. Puis ne pas me dire dans le silence bruyant de mes pensées. La pensée vient après le langage. Finir par ne pas penser est un bon début. Devenir étranger à la notion de jugement. Décider simplement de ce que je souhaite partager et de ce que je ne veux pas partager.

Imiter ce que j'admire chez autrui.

M'appliquer à recommencer.

 

La pierre brute est dans ce temple, dans d'autres temples et dans le monde, dans mon cœur et mon esprit, dans les vôtres, dans ce qui préfigure la durée, le passé et l'avenir, dans ce temps de l'homme qui est à l’œuvre avec les choses et les êtres vivants, qui à la fois immobilise et façonne.

Qui mobilise et qui maçonne.

 

J'ai dit.

 


RyoanJi-Dry garden

 

Pierre brute dans le jardin sec de Ryoan-ji


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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 08:33

 

 

Tout le monde, ou presque, a pour habitude de dire ''la nature est bien faite''. Je ne partage pas, personnellement, cette opinion très largement répandue qui résulte du constat du formidable travail de la nature tel qu'il nous apparaît après des millions d'années d'évolution.

Mais si on part du principe que la nature n'a aucun autre but que celui de durer, et que pour cela elle doit s'adapter, la seule chose remarquablement bien faite c'est cette extraordinaire faculté d'adaptation.

Si tous ceux qui croient en une intervention divine dans ce qu'ils appellent la ''création'' y regardaient d'un peu plus près, ils reconnaitraient comme moi, que le boulot a été bâclé et que la terre nous a été livrée en très mauvais état de fonctionnement. Toutes les catastrophes naturelles sont là pour en témoigner !

 

Il existe pourtant une vraie merveille de la nature et il s'agit de l'escargot !! 

Et pourquoi donc l'escargot est-il une merveille ? Parce qu'il est hermaphrodite.

 

Peut être l'aurez vous  compris, je vais vous parler de sexe !

 

L'escargot est un animal paisible, pas bagarreur, il n'y a pas de guerre d'escargots et l'égalité entre mâle et femelle est totale et pour cause, chacun est à la fois l'un et l'autre ou l'une et l'autre, donc pas de mâle dominant, pas de viol. Les rapports amoureux sont voluptueux et interminables ….

Qu'en aurait-il été de nous, humains, si nous avions été dotés de cette particularité ? :

- Nous aurions pu être à la fois père ou mère,

- Nous aurions tous connu les joies et les affres de la maternité mais aussi de la paternité,

- Il n'y aurait pas eu de discrimination à l'embauche sous prétexte que les femmes, avec leurs fichus congés maternité, plombent le bénéfice des entreprises,

- Il n'y aurait pas eu de différences de salaires,

- Il n'y aurait pas eu de loi salique et aucun problème de partage du pouvoir,

- Il n'y aurait pas eu d'obligation pour les femmes de porter un foulard sous prétexte que la  vue d'une chevelure provoque chez l'homme des montées de testostérone,

- personne n'aurait été contraint à la virginité,

- Etc, etc … Cette liste n'est ni hiérarchisée ni exhaustive, je voulais simplement dire que cela aurait été l'égalité totale.

 

Mais voilà, nous ne sommes pas des escargots et comme l'écrivait Antoine Houdar de la Motte auteur de Fables et théâtreux au XVIIème siècle  : ''C'est un grand agrément que la diversité. Nous sommes bien comme nous sommes. Donnez le même esprit aux hommes, vous ôterez tout le sel de la société. L'ennui naquit un jour de l'uniformité''...

 

Les récentes secousses qui ont ébranlé le monde de la F.°.M.°. et donné lieu à la création de cet atelier, montrent bien à quel point nous sommes encore très éloignés de l'égalité invoquée dans notre acclamation. Et j'ai toujours beaucoup de mal à comprendre pourquoi.

 

Il faut dire que je suis issue d'une famille de femmes d'où les hommes étaient presque complètement absents, que ce soit par veuvage, divorce ou célibat... Et toutes ces femmes qui se débrouillaient fort bien seules, avaient des activités professionnelles qui assuraient parfaitement leur ordinaire et de ce fait, le mien.

Je ne m'étais donc jamais posé de question sur l'égalité homme/femme car pour moi, elle allait de soi. C'est en mai 1968 que les revendications égalitaires des jeunes manifestantes ont attiré mon attention sur ce problème que j'ignorais  : les femmes n'ont pas les mêmes droits que les hommes.

Il faut dire à ma décharge que quelques années passées dans un couvent religieux ne m'avaient pas particulièrement ouvert l'esprit sur les problèmes séculiers.

Je savais bien sûr, qu'en grammaire, le masculin l'emporte sur le féminin et que, lorsqu'il est question de l'espèce humaine, on parle de l'Homme avec un grand H. Ces détails auraient dû m'alerter !

 

 

J'ai souvent entendu invoquer cette loi de la nature qui veut que dans le monde animal, le mâle, plus fort, domine. Oui, certes. Avant que le singe dont nous descendons descende de son arbre, le mâle, sans aucun doute dominait, mais on aurait pu espérer que ce que l'homme avec un petit ''h'' avait gagné en cerveau, il l'avait perdu en instinct animal, or, depuis la nuit des temps, le mâle humain domine globalement comme dans le monde animal.

 

J'ai tenté de faire un inventaire depuis les origines connues, mais les cas d'injustices faites aux femmes depuis toujours sont tellement nombreux que j'ai dû me contenter de survoler le sujet sous peine de faire un travail trop long et ennuyeux :

 

De la période préhistorique, nous savons peu de chose des rapports entre hommes et femmes, et nous ne pouvons que les imaginer. J'ai le souvenir de ce dessin humoristique, un tantinet macho, d'un homme armé d'une énorme massue, tirant par ses cheveux longs, une femme allongée au sol.

Plus sérieusement, il est clair qu'à cette époque, les conditions de vie très rudes avaient dû imposer une logique répartition des rôles : la recherche du ravitaillement et la défense de l'abri pour l'homme, les enfants pour la femme : d'un côté la nécessaire force physique et de l'autre, l'indispensable douceur. Mais cette distribution des rôles est restée immuable pendant des millénaires, ne tenant aucun compte des possibilités individuelles.

 

Depuis l'antiquité et jusqu'à une époque pas si lointaine, les femmes ont été traitées comme des  mineures à vie, soumises à la tutelle du père puis du mari, et en cas d'absence de l'un ou l'autre, celle d'un fils. Qu'elles soient grecques ou romaines, elles n'avaient aucun droit civique, étaient rigoureusement exclues de la vie de la cité et leur rôle se résumait aux joies de la maternité.

Certaines, à Sparte ou dans le monde celtique, ont bénéficié d'un traitement plus favorable mais toujours lié au fait qu'elles étaient, avant tout, des instruments de procréation.

La femme gauloise fait un peu exception  :  50 avant J.C., elle a un rôle social et politique et elle participe activement aux actes de guerre, armée d'épées et de haches et n'est pas, comme on l'a pensé longtemps chargée seulement de la cuisson des sangliers et de la mise à l'ombre de la cervoise fraîche.

Mais, toutes, sans exception, même pendant les périodes plus libres, dépendront toujours civilement de l'homme, père ou époux.

 

La seule véritable exception a été la femme égyptienne. L'Egypte au temps des pharaons est un pays particulièrement civilisé et même, peut-on dire, résolument moderne. Christine DESROCHES-NOBLECOURT écrit : ''la place de la femme dans la société individualiste égyptienne constitue une des plus belles démonstrations de la modernité de cette civilisation qui a su faire de la mère, de l'épouse et de la fille, l'objet de la très parfaite égalité dans la plus logique des différences. Au temps des pharaons, l'égyptienne fut une vraie femme, ni objet ni virago''. 

Ainsi, peut-on voir des femmes prêtresses, médecins, scribes ....  et même pharaonnes (cinq au total).

 

La place et le rôle des femmes fluctuent au cours des siècles en fonction des lieux et des cultures, toujours polythéistes. Les choses vont considérablement empirer à partir de l'introduction du monothéisme qui, jamais et dans aucune religion, n'a joué en faveur des femmes, bien au contraire. Mais pour leur malheur, elles vont s'y engouffrer tête baissée ... et souvent tête couverte !!.

Formatées à l'obéissance et à la soumission, elles ne s'étonneront pas d'être reléguées au rôle d'inférieures et de servantes et de ne jamais accéder à des fonctions de très haut niveau. Le mieux qu'elles pourront obtenir dans la religion catholique c'est d'être canonisées ou devenir mères supérieures de couvents. Pour être canonisée, il faut remplir deux conditions  : être vierge et avoir été martyrisée avant d'être jetée aux lions ou brûlée vive. Certaines mauvaises langues prétendent que Jeanne d'Arc aurait fait l'impasse sur la première condition. Je l'espère pour elle.

 

A la charge des femmes, il faut cependant reconnaître que, très souvent ce sont elles, et encore à notre époque, qui sont garantes des traditions et de leur transmission. Certaines, intolérables comme l'excision, le sont avec le soutien actif des femmes, excisées elles mêmes.

 

J'ai lu un livre intitulé ''La Femme au Moyen-âge'', où l'auteur, Jean VERDON explique qu'écrire un ouvrage sur la femme de cette époque tient de la gageure car ce sont essentiellement des hommes, et particulièrement des clercs, soucieux en principe d'éviter les contacts avec les femmes, qui écrivent. Les documents, d'autre part, s'intéressent surtout à deux catégories de femmes, les moniales qui se sont consacrées à dieu et les femmes de l'aristocratie. Mais tous les textes donnent généralement l'impression que la femme est un être inférieur dont il faut se méfier, car, descendante d'Ève, elle incite au péché.

 

Le rôle politique des femmes au Moyen Âge, s'il a été mis en évidence, ne concerne qu'une très faible minorité, reines ou grandes dames. Les croisades leur donneront l'occasion d'épauler leurs époux et même de les remplacer en leur absence. La religion catholique, pour une fois, aura  permis aux femmes de révéler leurs vraies capacités. Mais au regard de l'histoire, cette période aura été très courte.

 

Assez curieusement, les hommes, à travers la mythologie, qu'elle soit scandinave, grecque ou romaine, ont créé des femmes violentes et dominatrices, les Walkyries, les Harpyes et les Amazones comme autant de phantasmes destinés à atténuer le sentiment de culpabilité d'une société avant tout masculine.

 

Aujourd'hui, dans les cultures occidentales, les femmes ont infiltré à peu près tous les domaines, même si, à travail égal le salaire ne l'est toujours pas, malgré la loi votée en 1972. En 2011, on constate encore 19% d'écart entre les salaires.

Dans la fonction publique elles sont sous-représentées dans les postes de direction, et, en politique, 5 départements seulement sur 93 sont dirigés par des femmes. Quant au droit de vote, les néo-zélandaises furent les premières à l'obtenir en 1893, les françaises durent attendre avril 1944 et les femmes des Emirats arabes unis : 2006.

 

Le 11 mars 1986, Laurent FABIUS, alors 1er Ministre adressait à ''Mesdames et Messieurs les ministres et secrétaires d'Etat'' une circulaire pour adapter la langue à l'évolution sociale. Il faisait suite à la mise en place par Yvette ROUDY, ministre des droits de la femme en 1984, d'une commission de terminologie chargée de la ''féminisation des noms de métier et de fonction'' (présidée par Benoite GROULT).

Un quart de siècle plus tard, les choses ont si peu évolué, qu'en 2011, Thérèse RABATEL, adjointe au Maire de Lyon à l'égalité des femmes, a organisé une conférence pour attirer l'attention sur ce problème qui reste d'actualité, car il est, en réalité, un véritable casse-tête.

En effet, à l'origine, les professions valorisantes sont exercées par les hommes et n'ont pas de féminin. Leur féminisation est compliquée par la langue française elle-même : si une doctoresse est une femme médecin, elle ne peut pas être médecine !! et si on dit ''docteurs es-lettre'',  ''doctoresse es-lettre'' n'est pas très esthétique !! etc, etc .... Mais, heureusement, on a pu transformer ''écrivain en écrivaine'', ''professeur en professeure''  et ''épicier en épicière'' ! A contrario,  ''femme de ménage'' n'a pas de masculin mais ce métier, depuis que les hommes l'exercent aussi, a bénéficié d'une revalorisation linguistique en devenant ''technicien de surface'' qui, bien sûr, a un féminin ! Ouf !

 

Mais c'est dans le monde de l'art que l'injustice est la plus criante. L'art n'existe que s'il s'exprime et interdire son expression, c'est condamner l'artiste au silence, c'est empêcher et retenir ce qui devrait être un jaillissement. Je pense avec tristesse à toutes ces femmes qui ont eu un don artistique mais ont été contraintes à se taire et à ne pas exister.

 

Certes, la littérature a laissé plus d'espace aux femmes, même si certaines d'entre elles ont préféré publier, anonymement, - je pense à Mme de Lafayette avec la ''Princesse de Clèves'' -, ou sous un pseudonyme masculin, - je pense à Aurore DUPIN de FRANCUEIL -, plus connue sous le nom de George SAND.

 

Mais les domaines de la peinture, de la sculpture et de la création musicale seront, eux, complètement fermés aux femmes : les compositrices, il n'en a pratiquement jamais été question car, à partir du moyen âge, si la pratique musicale dans l’espace privé est vue comme une distraction ou une lubie ajoutant au charme de la femme au foyer, l'exercice publique de cet art est assimilé à la pratique de la prostitution, et ce, depuis l'Antiquité.

Aujourd'hui, on trouve dans les archives la listes des compositrices qui ont bravé la morale en composant, mais si elles ont laissé une trace dans l'histoire de la musique, pratiquement aucune de leurs oeuvres n'ont été interprétées.

 

Une anecdote est révélatrice : en 1901, lorsque Gustave MAHLER fait sa demande en mariage à Alma, elle-même compositrice, il lui écrit :

''Tu n’as désormais qu’une seule profession, me rendre heureux ! Mais les rôles dans ce spectacle doivent être bien distribués. Et celui du compositeur, de celui qui travaille, m’incombe. Le tien est celui du compagnon aimant, du camarade compréhensif''. Est-ce pour la flatter qu'il emploie le masculin pour qualifier son rôle auprès de lui ? Peu importe ! malgré cela elle l'épouse ! pourtant, j'ai lu dans sa biographie, qu'Alma MAHLER n'aimait même pas la musique de son mari !

 

Quant aux femmes peintres, elles ont été longtemps privées de tout moyen d'exprimer leur art sous le seul prétexte qu'elles étaient des femmes et donc dénuées de tout sens artistique. Très peu ont réussi à franchir les portes de la notoriété : J'en ai trouvé neuf, sans doute y'en a-t-il plus mais pas énormément. (Berthe Morisot, Marie Laurencin, Frida Khalo, Nicky de St Phalle, Tamara de Lempika, Sonia Delaunay, Elisabeth Vigée-Lebrun, Rosa Bonheur, Suzanne Valadon).

 

Cette année, j'ai découvert deux femmes artistes peintres dont je n'avais jamais entendu parler : Artémisia GENTILESCHI et Georgette AGUTTE.

Artemisia GENTILESCHI a eu droit aux honneurs d'une exposition que lui a consacré le musée Maillol à Paris. Peintre de l'école caravagesque, elle contribua à la diffusion du caravagisme à Naples. Tout le monde connait le CARAVAGE, qui connait Artémisia GENTILESCHI ?

(On dit d'elle : ''qu'à l’aube du XVIIe siècle en Italie, quand les femmes étaient mineures à vie, quand elles appartenaient à leur père, à leur mari, à leurs frères ou à leurs fils, Artemisia GENTILESCHI a brisé toutes les lois de la société en n’appartenant qu’à son art'').

Quant à Georgette AGUTTE, j'ai découvert ses superbes toiles au musée de peinture de Grenoble en juin de cette année. Artiste non-conformiste, proche de MONET qu'elle considérait comme son maître, elle épouse Marcel SEMBAT en 1897. Tout le monde connait Marcel SEMBAT, qui connait Georgette AGUTTE ?

 

En 1648, Louis XIV fonde l’Académie Royale et déclare ''accorder sa protection aux artistes sans égard pour la différence de sexe''. L’entrée des femmes à l’Académie est, certes, un événement, mais leur nombre est limité à quatre simultanément et elles n'ont pratiquement pas d'accès à l'enseignement !!

 

Plus tard, la Révolution fit naître énormément d'espoirs chez les femmes : Condorcet réclame pour elles l’accès à l’instruction, le droit de vote et l’égalité d’autorité au sein du couple. De son côté, Olympe de Gouge rédige une Déclaration des droits de la femme.

Or, contrairement à leur attente, cette page de notre histoire sera pour les femmes une époque de régression et de ségrégation et l’Académie Royale devient sous la révolution, la Société populaire et républicaine des Arts. L'une de ses premières décisions sera d’en exclure les femmes artistes.

C'est pourtant bien sous la Révolution qu'a été créé le sigle : ''Liberté, Égalité, Fraternité'' !

 

C'est seulement au XIXème siècle que le féminisme se mettra enfin en marche. Même si les freins sont toujours puissants, les combats des suffragettes américaines et les écrits de George SAND ont eu une influence certaine. George SAND qui, je le rappelle, fut la première femme en France à demander et obtenir le divorce, la première aussi à avoir gagner sa vie avec sa plume. Pour ses obsèques, Victor HUGO écrivit ces lignes : ''Dans ce siècle qui a pour loi d'achever la révolution française et de commencer la révolution humaine, l'égalité des sexes faisant partie de l'égalité des hommes, une grande femme était nécessaire''.

 

Mais Paris est le centre du monde artistique et, en 1897, l’Ecole nationale des Beaux-Arts de Paris s’ouvre enfin aux femmes.

 

Par cet état des lieux très incomplet, j'ai voulu faire remarquer que, de tous temps, chaque fois que la possibilité a été laissée aux femmes de s'exprimer dans quelque domaine que ce soit, elles ont montré leurs capacités, bonnes souvent, mauvaises parfois, c'est-à-dire, très exactement comme les hommes, et je ne résiste pas à l'envie d'évoquer Laura DEKKER, jeune navigatrice néerlandaise de 16 ans qui a bouclé, en janvier 2012, un tour du monde à la voile en solitaire !!

 

Pour parvenir à l'égalité, nombreuses sont les femmes qui ont lutté très courageusement. Je n'en évoquerai qu'une, Gisèle HALIMI car son combat a commencé dès l'enfance dans une société particulièrement inégalitaire. Née en Tunisie dans une famille traditionaliste juive en 1927, elle a, dès son plus jeune âge, remis en cause ses obligations de fille au sein de sa famille. A l'âge de 13 ans, elle entame une grève de la faim afin de ne plus avoir à servir son frère ni à faire son lit. Ses parents, devant sa détermination, finissent par céder et elle écrira dans son journal intime de l'époque : ''aujourd'hui j'ai gagné mon premier petit bout de liberté''.

 

En France, sous la pression, des groupes de réflexion réfléchissent, des lois sont votées, on a créé la journée de la femme et la parité en politique, mais n'est-ce pas pour les hommes une façon d'électrifier une frontière qu'ils s'interdisent de franchir, entre l'égalité dont ils ne sont pas tout à fait sûrs d'avoir envie et l'inégalité dont ils sentent bien qu'ils doivent en faire le deuil ?

 

Pourtant l'homme et la femme sont les deux composantes indispensables d'un même ensemble. Imaginons qu'un virus étrange décime en quelques heures l'intégralité de tout ce qui est féminin sur la planète, combien faudra-t-il de temps pour que la vie disparaisse totalement de la surface de la terre ?

 

Je cherche à comprendre les raisons de ce besoin de domination, de ce désir d'exclure, en même temps que cette attirance mêlée de répulsion, de l'homme envers la femme. Il y a le poids des cultures, presque toujours religieuses, des causes d'ordre psychologique aussi, mais je ne les aborderai pas car je ne suis pas une spécialiste.

Mais là où réside la plus grande ambiguïté, c'est le rôle des femmes dans l'éducation des enfants, éducation qui, jusqu'à une époque récente a toujours été sexuée. Pendant des siècles, le garçon, futur soutien de la famille, a été imbibé par sa mère, dès sa naissance, de l'idée qu'il devait être fort, refouler ses faiblesses et s'interdire de pleurer. Si on avait éduqué garçons et filles strictement de la même manière en laissant s'exprimer les personnalités de chacun, en permettant aux garçons faibles d'être faibles et aux filles fortes d'être fortes, nos sociétés auraient été bien différentes.

En France, nous sommes encore à la traîne mais nous avons progressé. Sans doute devrions-nous nous inspirer des politiques extrêmement innovantes en matière d'égalité, mises en place dans les pays nordiques comme la Suède et la Norvège.

Ce qui me dérange c'est que la place des femmes semble toujours à construire ou à reconstruire, qu'une avancée peut toujours être suivie de deux reculs.

En Franc-Maçonnerie, il a fallu qu'elles se battent pour obtenir, d'abord, le droit de participer et ensuite celui de partager le travail des hommes dans les mêmes ateliers.

Mais ici, un premier pas a été fait par le grand-Orient et c'est un pas de géant. Il y a peu, l'idée même de la mixité dans cette obédience, était considérée par certains comme un gros mot.

 

Donc, il ne faut pas désespérer mais surtout, continuer d'avancer ...  un peu plus vite que l'escargot !

 

J'ai dit.

 

 

Un escargot (snail for you Americans)

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12 septembre 2013 4 12 /09 /septembre /2013 20:22

 

Le pavé Mosaïque

 

Ce damier de pavés carrés alternativement noirs et blancs qui s'étale devant les colonnes du nord et du midi m'a toujours interpellée et fascinée. Selon les rites il peut rester "nu", être borné par des piliers, ou recouvert d'un tapis de loge.

Il délimite un espace qui dès l'ouverture des travaux et pendant toute la tenue n'est jamais foulé, mais contourné tant par les officiers de la loge que par les S. et F. qui sont appelés à déambuler au cours de la tenue. Les angles sont marqués lors de la déambulation.
D'un espace "ordinaire" la loge devient un espace "particulier", hors du temps dès l'ouverture des travaux. Les S. et F. présents sont à la demande du V.M. debout et à l'ordre c'est-à-dire dans une posture hautement symbolique, le tout conférant de la solennité au rituel d'ouverture. D'un temps et d'un espace profane nous nous trouvons collectivement transportés dans un temps et un espace sacrés,
car rendus inviolables et inaccessibles à toute personne profane.

Les S. et F. se retrouvent respectivement sur les colonnes du sud et du nord, face à face, le Pavé mosaïque s'étalant à leurs pieds. Dans certains temples le pavé mosaïque n'est pas cantonné au centre mais recouvre toute la surface du sol. Il représente le plancher, la surface horizontale sur laquelle tout prend appui pour s'élever. Situé au centre il n'est pas une simple manifestation dualiste, il symbolise le principe créateur qui après avoir été chaotique reste binaire et duel.

Généralement dans nombre de temples maçonniques nous rencontrons un Pavé mosaïque aux proportions incertaines et non pas celui qu'idéalement nous devrions trouver. D'ailleurs dans les rituels officiels et celui de notre Obédience en particulier, on ne trouve aucune mesure précise concernant ce symbole.

Concernant sa représentation géométrique, il est paradoxal de constater que pour symboliser la Terre, la forme qui fut choisie n’a pas été le cercle mais le carré, et qui plus est, le Carré Long. Il est vrai qu’il y a déjà plus de 7000 ans, les civilisations orientales se la représentaient ainsi, bien qu’à cette époque leurs connaissances astronomiques aient été vraisemblablement aussi précises que les nôtres aujourd’hui.

Pour les prêtres égyptiens par exemple, cet espace en forme de carré long qui pour nous Francs-maçons symbolise la Terre, représentait la création primitive d'un monde manifesté, sur lequel régnaient les Dieux. Que ce soit dans leurs temples ou leurs tombeaux, voire même symbolisée dans l'écriture hiéroglyphique, les égyptiens représentaient la Terre par un carré inscrit dans un cercle. Pour les premiers égyptiens comme pour un certain nombre de civilisations antiques, la Terre n'était qu'un niveau intermédiaire entre l'infra monde et celui des dieux.
Le carré dans un cercle, c'était la Terre dans l'Univers, l'infiniment petit symbolisé dans l'infiniment grand. Alors, si nous continuons de symboliser la Terre par un carré, voire un carré long, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé les hommes en général, et les Maçons en particulier, à choisir cette forme apparemment inadaptée pour symboliser notre planète.

Aussi loin que nous puissions remonter dans le temps, il semble que les lieux de cultes aient toujours fait l'objet de pratiques rituelliques. Le sol, le rocher étaient dégagés de toute trace de végétation ou de salissure, écartés des lieux de vie, délimités par un tracé, orientés par rapport aux astres. Dans toutes les religions, la pierre sacrificielle, l'espace à offrandes ou l’autel conservent ce besoin de propreté, d’isolement et de démarcation.
Quand l’homme vivait encore sur la terre battue, les espaces dédiés aux divinités avaient droit à un sol pavé. De même le tapis de prière symbolise la limitation d'un espace sacré, sa fonction étant de s'isoler des profondeurs de la terre et de s'orienter.

Si l’on remonte aux origines opératives, les loges où officiaient les bâtisseurs de cathédrales étaient-elles carrelées ? Si la réponse n’est pas essentielle, la vocation utilitaire de ce pavement ne fait aucun doute. Facile d’entretien, aux couleurs neutres et sans ostentation, il assure également une fonction essentielle de surface quadrillée pour les croquis et esquisses réalisées à la craie, à même le sol. La loge est à cette époque, la salle commune où les compagnons sont logés et nourris.

Pourquoi "Pavé", parce qu'il est normalement formé de pierres taillées, et "Mosaïque", car il est la juxtaposition d’éléments de diverses couleurs formant par leur assemblage une sorte de peinture. Notre damier noir et blanc en est la représentation la plus épurée. Si la mosaïque classique éclate en feu d’artifice multicolore, quand les couleurs se fondent et s’imbriquent, c’est le noir et le blanc qui les contiennent toutes. De même, quand les éclats disjoints se rapprochent pour former la plus complète continuité, c’est le carré qui est la plus parfaite unité de base.

Quelles sont ses dimensions ? Sa longueur va del'orient à l'occident, sa largeur, du nord au midi. Sa forme ? A l'observer ce n'est pas un carré à côtés égaux mais un rectangle, plus exactement un "carré long".Demandez à un profane ce que pourrait évoquer pour lui le terme « Carré long » il vous dira probablement que pour continuer à être carré, un carré long doit être non seulement long, mais également large, et même aussi large que long. Un grand carré finalement ». Si on lui demande « Grand comment ? », il ne saura pas répondre. En revanche on peut trouver une réponse dans certains livrets d'apprenti.Question: « Quelle est la figure de la loge ? Un carré long.

Le "carré long" est un symbole, ilest un objet de dimensions infinies qui embrasse symboliquement l'univers dans son ensemble.C'est un rectangle qui présente des caractéristiques particulières.
Ainsi on rencontre le triple carré :
le Temple de Salomon avait soixante coudées de long, vingt de large et vingt-cinq de haut. Le plan de l'édifice était donc un rectangle de rapport 3 sur 1.
L'autre partie du Temple, le Hékal, était la partie du temple affectée au culte. C'était un rectangle de quarante coudées de long sur vingt coudées de large, autrement dit un « Double Carré ».
Un troisième carré long particulier est le « Rectangle d'or », dont la définition est la suivante : un grand côté et un petit côté partagés selon une extrême et moyenne raison, soit approximativement 1,618, nombre appelée nombre d'or.

Revenons au Pavé mosaïque. C’est un assemblage parfait en régularité et en alternance. Il donne une image unique, composée de dalles carrées, alternativement noires et blanches, il forme un damier. Ces dalles blanches et noires semblent tissées ensemble. Si l'on considère les traits virtuels qui les séparent, on voit qu'ils forment un chemin rectiligne ayant le Blanc et le Noir tantôt à droite, tantôt à gauche.Le joint ni blanc, ni noir apporte la cohésion aux carreaux de couleurs opposées mais n’a pas de matérialité.

Spontanément, le damier du pavé mosaïque évoque l'opposition des contraires. Cet assemblage est aussi contrasté que peuvent être les hommes. Il s’étend sans frontière dans les quatre directions géographiques pour unir tous les êtres humains par delà les couleurs de peau, les pays, les religions et les idéologies politiques.
• Le noir est la nuit et le froid, mais en captant les rayons énergétiques il peut devenir chaud; le blanc est le jour et le chaud, mais en réfléchissant les rayons énergétiques, il garde le froid !
• Le noir est obscurité, mais dans l’obscurité jaillit la lumière ! tandis que le blanc est lumière, mais la lumière aveugle et ne permet pas la vision des étoiles !
• Le noir est le Nord que la neige illumine, le blanc est le sud qui recherche la fraîcheur de l’ombre.
• Le noir est le drapeau de l’anarchie, donc du désordre, mais idéalisée l’anarchie est le système social le plus élaboré vers lequel tend toute démocratie, tandis que le blanc est le drapeau de l’ordre, mais la domination des uns crée l’esclavage des autres.
• Le noir est absence de couleur réfléchie, donc mélange de toutes les couleurs; le blanc est somme de toutes les couleurs réfléchies, donc absence de couleur.
• Le noir est couleur de deuil, le blanc est couleur de vie.
• Le noir est le mal, le péché, le côté obscur de notre âme; le blanc est le bien, la sainteté, le côté lumineux de notre âme.
• Le noir est le tumulte, la guerre et la tristesse, le blanc est le silence, la paix et la joie.

Le noir est la matérialité, le blanc la spiritualité

Le noir est le Yin, le blanc est le Yang.

 

Un autre symbole unit le blanc et le noir, c'est la représentation du Ying et du Yang. Le pavé mosaïque est-il le pendant occidental du symbole oriental ? La représentation orientale est caractérisée par l’inter pénétrabilité des couleurs. On ne sait où chacune commence et où chacune s’arrête.

Le Yin représente entre autres, le noir, le féminin, la lune, le sombre, le froid, le négatif…. Le Yang lui, représente entre autres, le blanc, le masculin, le soleil, la clarté, la chaleur, le positif.

Il est l'expression du dualisme et du complémentarisme universel. Yin et Yang n'existent que l'un par rapport à l'autre. Ils sont inséparables. Si nous transposons ceci sur notre pavé mosaïque, cela voudrait-il dire que cette limite perçue par nos yeux n’existe pas ? L'apparente dualité n'est-elle pas complémentarité ?

À culture différente, représentation différente, mais le symbolisme reste le même.

 

On ne peut s'empêcher de penser aussi au jeu d'échecs. L'échiquier symbolise la prise de contrôle non seulement sur des adversaires et sur un territoire mais aussi sur soi-même, le psychisme humain pouvant être souvent le théâtre d'un combat intérieur. Tout comme le pavé mosaïque l'échiquier symbolise l'acceptation et la maîtrise de l'alternance, l'alternance enthousiasme et contrôle, ivresse et retenue. Chacun mobilisant attention, habileté, et faisant l'expérience de l'erreur parfois fatale ou de la trajectoire parfaite.

Le Pavé mosaïque est le symbole de l’initiation de l’apprenti par excellence. Enfermé dans le noir du cabinet de réflexion, puis confronté à la lumière aveuglante lorsque le bandeau lui est ôté, il expérimente physiquement l'alternance du passage du noir au blanc.
Nous sommes tous S. et F. sur les colonnes face à face, séparés ou unis par ce pavement qui nous interpelle individuellement et collectivement.

Il représentele labyrinthe de notre vie, les alternances de nos situations, de nos humeurs, la multiplicité de notre parcours de vie, la dualité qui caractérise l’être humain.

Qui n'a jamais éprouvé le douloureux choix de la thèse et de son antithèse, du pour et du contraire, qui n'a pas éprouvé le choc du balancier de la vie, de la spirale revenant au point de départ, des cycles douloureux identiques et différents à la fois. Il nous montre l'étroitesse du chemin et les périls sans cesse rencontrés. Par hasard ou par destinée, détermine-t-il le partage des hommes ?

Un homme peut traverser des épreuves de vie « noires », d’autres « blanches », il peut également ne sauter que de case « blanche » en case « blanche » ou au contraire de case « noire » en case « noire ».

La souffrance vient du fait que si nous choisissons de vivre en marchant sur les damiers blancs, nous avons peur de nous laisser surprendre et de mettre par inadvertance le pied sur le carreau noir. A tout instant nous pouvons tomber d'un excès à l'autre et il est facile de quitter le fil médian qui sépare le carreau blanc du noir et il est bien étroit pour s'y aventurer les yeux bandés.

 

Le Pavé mosaïqueest aussi l'image des rivalités entre individus, groupes ou communautés qui peuvent sombrer dans le noir – oubli des valeurs et des engagements, conflits religieux, politiques, ethniques, négation de la différence. L'histoire est jalonnée de périodes noires, si noires où il semble que la lumière ait déserté à jamais le cœur des hommes.

 

Chaque fois que nous entrons dans le temple, le pavé mosaïque nous interpelle sur notre état d'être. Où es-tu ce soir, dans la lumière ou les ténèbres ? Que viens-tu chercher ? Es-tu prêt à te dépasser, à dépasser tes humeurs, à apaiser ton cœur ? As-tu bien laissé tes métaux à la porte du Temple ?

Le Pavé mosaïque nous parle, il nous invite à dépasser notre dualité, à faire de nos contrastes et de nos différences un atout et non une source de conflits. Il est une invitation à l'effort continu pour plus de respect de l'autre, plus de pondération, de modération et de tempérance.Il nous enseigne l'Humilité, le respect des différences et la recherche d'équilibre.

Dans cette dualité constante entre le bien et le mal, les bons et les mauvais moments, les satisfactions et les peines, les bonnes et les mauvaises actions, le profane traversera sa vie chahuté entre les pavés blancs et noirs qu’il franchira, le saint cherchera la diagonale qui lui permettra de rester sur les pavés blancs, le démoniaque recherchera la diagonale noire.
Le maçon, en revanche, choisira le joint qui réconcilie les deux aspects de notre monde, dominant les zones obscures et tirant profit des zones de clarté. C'est la recherche de la voie du milieu, la voie sans excès et équilibrée, les pieds dans la terre et la tête tournée vers les étoiles, dans une quête de dépassement de soi, de transcendance et d'amour de son prochain. La voie du milieu n'est pas un état mais une quête, garder les yeux ouverts pour ne pas avancer aveuglé de lumière ou noyé dans les ténèbres. C’est le chemin de la vérité et de la sagesse, où il n’y a pas lutte entre les extrêmes, mais au contraire maîtrise et apprivoisement des deux facettes d’un même infini. Et c’est cette voie que prend l’apprenti quand il fait son premier pas : le pied gauche, celui du cœur, dirigé vers l’orient source de lumière, le pied droit, en équerre qui reprend appui entre chaque pavé, après l’avoir balayé, glissant sur les zones d’ombre et de lumière dans un égal équilibre.

 

Chacun de nous en entrant dans la loge est un pavé multicolore, un damier aux formes changeantes, un tissu humain en mosaïque. En nous orientant dans une même unité, le rituel fait que l'autre devient un autre soi-même si nous l'accueillons avec sincérité et fraternité. La magie de la transformation peut alors s'opérer même à notre insu à condition d'être dans l'ouverture.
Le but du maçon est d’unir tout ce qui
a prioris’oppose. N'est-ce pas là le symbole de la fraternité ?
Nous pouvons penser que lorsque nous faisons la chaîne d’union autour du Pavé mosaïque, lui seul sait dans quelle case ou sur quelle ligne chacun de nous s'est positionné pendant la tenue et nous pouvons penser qu'il favorise aussi la circulation de ce flux que nous nous transmettons et aide à l’entretien, à l’enrichissement voire à la restauration de l’égrégore de la loge.


 

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