Mais pourquoi diable ai-je décidé de faire une planche sur le Paysage Maçonnique Français ?
Sans doute parce que j'avais besoin d'une piqûre de rappel de l'histoire de la Franc-Maçonnerie mais
très certainement pour m'obliger à me documenter sur un sujet qui ne m'a jamais particulièrement intéressée, si ce n'est « en creux », comme une petite souffrance latente agaçante.
Plus de 30 obédiences se partagent les 130 à 140 000 maçons et maçonnes de France. Rassurez-vous, je ne vais pas vous en faire un tableau exhaustif.
Si les Maçons entre eux ont des moyens de se reconnaître, il en est de même pour les obédiences qui signent des traités de reconnaissance mutuelle. Cette reconnaissance autorise, entre autres choses, les visites réciproques.
Aujourd'hui, je détaillerai seulement les obédiences régulières et traditionnelles que je connais peu, et pour cause, étant de sexe féminin !
Et pour y comprendre quelque chose, j'ai été amenée à faire un retour en arrière historique.
Mon propos sera donc en 2 parties :
1.Un petit historique de la Franc-Maçonnerie en France via le Royaume-Uni
2.Les principales obédiences françaises qui ne font pas partie du groupe de reconnaissance intitulé « Maçonnerie Française »
1. Historique de la F.M.
Je ne parlerai pas de la transition entre maçonnerie opérative et maçonnerie spéculative, tant l'histoire de cette transition est sujette à controverses entre historiens Écossais et Anglais, mais des débuts de la Maçonnerie dite spéculative, qui voit le jour au XVIIème siècle, et en Écosse, alors catholique, et en Angleterre alors déchirée par les guerres de religion.
Dix ans après l'union de la couronne d'Angleterre et d’Écosse, en 1717, à Londres, quatre loges qui avaient les noms des « pubs » dans lesquels elles se réunissaient, fusionnent pour créer la Grande Loge de Londres et de Westminster. Les liens de ses membres avec la Royal Society et les milieux scientifiques permettent d'y développer des idées de tolérance religieuse et de s'appuyer pour ce qui concerne la recherche de la vérité sur les découvertes scientifiques récentes.
Quelques années plus tard, en 1723, le Pasteur James Anderson publie les Constitutions et règlements de cette nouvelle association. Ces Constitutions s'appuient sur les anciens « landmarks » (ou Anciens devoirs) qui régulaient les loges primitives. Mais Anderson y introduit une innovation fondamentale, à savoir le principe de la liberté de conscience, quant au choix de sa religion.
En 1751, des maçons anglais contestent cette Grande Loge de Londres et de Westminster, au prétexte qu'elle s'écarte trop des anciens « landmarks ». Ils créent une nouvelle obédience, qu'ils qualifient d 'ancienne, bien que plus récente, car plus traditionnelle.
Ces deux obédiences se disputent le terrain pendant 63 ans, jusqu'à ce qu'elles fusionnent, en 1813, créant la Grande Loge Unie d'Angleterre (GLUA). En 1929, elle établit une règle en 8 points, qui permet de définir ce qu'on appelle la « régularité ». Cette règle établit, je cite :
« Que la croyance en le Grand Architecte De L’Univers et en sa volonté révélée soient une condition essentielle de l'admission des membres. »
Je cite encore :« Que les membres de la Grande Loge et des Loges individuelles soient exclusivement des hommes, et qu'aucune Grande Loge ne doit avoir quelque relation maçonnique que ce soit avec des Loges mixtes ou des obédiences qui acceptent des femmes parmi leurs membres. »
En 1989, le Bureau de la GLUA précise :
« Il existe quelques soi-disant obédiences maçonniques qui ne respectent pas ces normes, par exemple qui n'exigent pas de leur membres la croyance en un Être Suprême, ou qui encouragent leurs membres à participer en tant que tels aux affaires politiques. Ces obédiences ne sont pas reconnues par la Grande Loge Unie d'Angleterre comme étant maçonniquement régulières, et tout contact maçonnique avec elles est interdit. »
Mais, revenons en France.
Il semblerait, mais ce n'est pas encore totalement prouvé, que la maçonnerie a pris pied en France, en 1688, à Saint Germain en Laye, grâce à des exilés politiques écossais, venus en France dans le sillage de Jacques Stuart. Cette loge se serait appelée « La parfaite égalité ».
Ce qui est certain, c'est que vers 1725, une loge a été fondée, regroupant des Irlandais et des exilés jacobites. En 1728, les francs-maçons de France se choisissent comme Grand Maître le duc de Wharton, marquant ainsi le début véritable de la franc-maçonnerie française. D'ailleurs, le Grand Orient De France (GODF) considère cette date comme la date officielle de sa création, même s'il n'avait pas encore ce nom. Le rituel est le rituel de la Grande Loge de Londres et de Westminster, traduit en français, d'où sa dénomination, rite français.
De nombreuses loges se créent dans toute la France, avec des grands maîtres issus de l'aristocratie anglo-saxonne. Ce n'est qu'en 1738, que se constitue la première Grande Loge de France (qui n'a rien à voir avec celle d'aujourd'hui) qui se choisit comme Grand Maître, Louis de Pardaillan de Gondrin , deuxième duc d'Antin .
Ce choix est judicieux car cela permet d'alléger la surveillance policière des Francs-maçons. Par ailleurs, la bulle papale de Clément XII, condamnant la Franc-Maçonnerie, ne sera jamais enregistrée par le Parlement français, ce qui la rend de ce fait, inapplicable. Ainsi, au moment où tous les Francs-maçons européens sont persécutés, la maçonnerie se développe en France, regroupant des aristocrates catholiques, des membres du clergé et beaucoup de militaires (à qui l'on doit les expressions utilisées dans les banquets d'ordre). Elle se développe même en direction des femmes avec les Loges d'adoption, dès 1740.
Je vous cite le GODF qui nous dit : « A partir de 1740, la Maçonnerie va se diffuser largement dans toute la France. Rares sont les petites villes qui ne compteront pas de loges. Elles sont un lieu de convivialité où – bien dans l’esprit du siècle – les frères célèbrent la vertu et l’égalité. Peu à peu – et probablement de manière inconsciente – s’y développe une sociabilité libérale et démocratique qui prépare insensiblement l’avènement des idées nouvelles. »
En 1771, Louis Philippe d'Orléans est à la tête de la maçonnerie française. En moins de deux ans et en s'appuyant sur les loges de province, la réorganisation aboutit à la création, en 1773, du Grand Orient de France. Ce n'est pas un simple changement de nom, mais une véritable réforme avec l'élection des Vénérables Maîtres, précédemment titulaires à vie de leur fonction, et la mise sur pied d'une véritable organisation chargée de coordonner le travail des 600 loges.
La Révolution Française passe par là. Des 1000 loges recensées en 1789, seules 75 seront aptes à reprendre leur travaux en 1800. Un déploiement exceptionnel du GODF a lieu pendant la période Napoléonienne, mais il est de courte durée. Avec la Restauration, le GODF est décapité et soumis à la royauté.
En 1804, une deuxième obédience est créée « La Grande Loge Générale Écossaise de France ».
Avec l'application du Concordat et du pouvoir accru de l’Église, les catholiques quittent peu à peu la maçonnerie qui du coup se radicalise, tant au plan philosophique que politique. Nombreux sont les maçons qui s'engagent en 1830 aux côtés des républicains. En 1848, seuls deux ministres du gouvernement provisoire ne sont pas maçons. Il faut noter qu'au convent de 1849, le GODF, influencé par un christianisme libertaire et anticlérical inscrit dans sa constitution :
« La Franc-Maçonnerie, institution essentiellement philosophique, philanthropique et progressive a pour base l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme. »
Napoléon III propose sa protection à la Franc-Maçonnerie tout en la mettant sous tutelle. L'autre maçonnerie, celle qui s'appuie sur la GLUA a manqué de disparaître.
Les maçons parisiens s'impliquent beaucoup dans la Commune de Paris, mais sont désavoués par les maçons de province et le GODF se rallie à Thiers et à la Troisième République. Le conflit qui oppose cette dernière à l’Église, lors de l'installation des écoles laïques sur tout le territoire, amène le GODF a supprimer de sa constitution, en 1877, l'obligation de croire en Dieu et en l'immortalité de l'âme. Ce n'est pas encore la liberté absolue de conscience, puisqu'il y a référence au GADLU, mais les loges sont désormais libres d'interpréter ce concept à leur guise et même de l'ignorer.
En 1894 est officiellement créée la Grande Loge de France, issue de la liberté qu'ont prise un certain nombre de Loges bleues par rapport au Suprême Conseil et de la fusion avec les loges de la Grande Loge Symbolique. Pendant 50 ans, La Grande Loge de France partage tous les combats laïcs et républicains avec le GODF.
En 1893, Le Droit Humain, obédience mixte, est fondé, conservant de par son origine, la structure pyramidale des 33 degrés.
En 1929, la Grande Loge Unie d'Angleterre, se proclame « Grande Loge Mère du Monde » et formule des principes de reconnaissance, dont le principal est la croyance en un dieu révélé.
Le monde entier s'y est soumis, sauf la maçonnerie latine qui a trop eu à batailler contre l’Église.
En France, seule la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière, créée récemment à l'initiative de Frères anglais suivra la politique de Londres.
Après la Seconde Guerre mondiale, la franc-maçonnerie française est défaite. Tout est à reconstruire.
Le projet de fusion de la Grande Loge de France et du Grand Orient de France n'aboutit pas.
La Grande Loge de France devient alors soucieuse d'être reconnue par la GLUA. Pour ce, elle se débarrasse de ses nombreuses loges d'adoption qui constituent en 1952 la Grande Loge Féminine de France. En 1953, elle rétablit l'usage de la Bible sous l'équerre et le compas.
Les années 60 et 70 voient la prolifération d'obédiences nouvelles, issues de scission, de scission de scission. Roger Dachez parle même d'une balkanisation de la franc-maçonnerie qui reflète l'atomisation de la société et la disparition des solidarités traditionnelles.
Fort heureusement, dans certaines circonstances, la maçonnerie française est capable de parler d'une seule voix, ou presque (déclarations communes contre l'intolérance et la xénophobie, prise de position entre les deux tours des présidentielles de 2002, célébration commune de la loi de 1905 et des 275 ans de la Franc-Maçonnerie). En février 2002, 9 obédiences (le Grand Orient De France, la Grande Loge De France, la Grande Loge Féminine de France, le Droit Humain, la Grande Loge Mixte Universelle, la Grande Loge Mixte de France, la Grande Loge Traditionnelle Symbolique Opéra, la Loge Nationale Française, la Grande Loge Féminine Memphis Misraïm) créent l'association « Maçonnerie Française » et l'Institut Maçonnique de France dont le but est de promouvoir la maçonnerie et d'en étudier son histoire. En 2006, la GLDF se retire de cette association.
2.Les Maçonneries Françaises
A. La Maçonnerie régulière
Le terme de régularité, utilisé en franc-maçonnerie est en fait un anglicisme qui vient de « regular » et qui veut dire légitime, conforme aux règles. La légitimité maçonnique est acquise dès lors qu'une obédience reconnaît les quatre principes suivants :
1.La croyance en Dieu, à des degrés divers, allant de la « Foi en Dieu » pour certaines, à la simple « croyance en l'existence d'un Être Suprême » pour d'autres.
2.La présence d'un livre sacré dit Volume de la Sainte loi (Bible, Torah, Coran, etc.) dans la loge.
3.L'interdiction de toutes discussions politiques ou religieuses en loge.
4.L'interdiction de tout contact avec les obédiences féminines ou mixtes.
De ce fait, il devrait y avoir plein d'obédiences régulières et pourtant, la GLUA qui délivre les attestations de régularité, n'a reconnu pour le France que la GLNF.
La Grande Loge Nationale Française(GLNF) a été créée en 1913, basée sur la régularité de la Grande Loge Unie d'Angleterre telle qu'elle fut définie en 1929 et dont j'ai parlé plus haut. Après le Convent de 1877 du GODF, la bataille que l’Église mène contre la franc-maçonnerie, de nombreux catholiques quittent le GODF.
En 1911, Edouard de Ribaucourt réveille une Loge du GODF, le Centre des Amis, avec autorisation d'invoquer le GADLU et patente au rite écossais. Mais le GODF lui envoie une nouvelle patente sans mention du GADLU et c'est la rupture. « Le Centre des amis » s'érige en nouvelle obédience, La Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies »,vite reconnue par les Anglais. Elle prend son nom actuel en 1948. Jusque vers les années 60, elle accueille surtout des anglo-saxons stationnés en France. Elle ne se développe vraiment qu'après la scission de 1964 de la Grande Loge de France.
En 2011, c'est la deuxième obédience de France de par son nombre : 1400 loges qui regroupent 44 000 Frères.
Sa politique de recrutement est régulièrement critiquée, serait trop liée aux « affaires » qui agite l'obédience, particulièrement, dans le sud de la France.
L'autoritarisme d'un Grand Maître et la violence de sa réponse à la contestation de certaines loges conduisent celles-ci à faire appel à la justice qui conclue à la nécessité d'une nouvelle Assemblée Générale et qui nomme un administrateur judiciaire. La médiatisation de cette affaire conduit la GLUA , ainsi que d'autres Loges européennes à suspendre toute relation avec la GLNF et à lui retirer toute reconnaissance.
En mars 2013, la GLNF ne compte plus que 26 200 membres.
En septembre 2012, La GLUA , précédée par 5 Grandes Loges européennes, suspend sa reconnaissance de la GLNF, en raison de son implication dans de nombreuses affaires, du mélange des genres (soutien officiel du Grand Maître à la candidature de Nicolas Sarkozy) et du caractère autoritaire de ses dirigeants.
Des membres de la GLNF décident de créer deux nouvelles obédiences :
La Grande Loge de l'Alliance Maçonnique Française : (GLAMF)
Créée le 28 avril 2012. Forte de 5000 membres en 2012, elle en compterait autour de 20 000 aujourd'hui. Avec l'aide d'autres Loges régulières européenne, elle vise la reconnaissance de la GLUA. Elle a créée des maisons des rites sous l'autorité du Grand Maître, et permet à ses loges de travailler au rite de leur choix parmi six rites (Rite Écossais Ancien Accepté, Rite Écossais Rectifié , rite Émulation, rite Français, rite d'York, rite standard d’Écosse.
La Grande Loge Indépendante de France (GLIF) :
Créée le 12 janvier 2013. Ses membres fondateurs ont attendu le retrait de la reconnaissance de la GLNF par Londres.
B. La Maçonnerie traditionnelle :
Issue de la Maçonnerie régulière ou suivant ses « règles » mais étant signataires de ce qu'on appelle « La Maçonnerie Française », membres de l'Institut Maçonnique Français.
La Grande Loge de France, dont j'ai déjà parlé. J'ai dit qu'elle a failli fusionner, à la Libération, avec le GODF.
A la suite de cet échec, elle a cherché à se rapprocher de la GLNF. Mais cette fusion ne s'est pas faite non plus, car cela aurait impliqué une rupture totale avec le GODF. En 1964, la signature d'une convention avec le GODF entraîne le départ de nombreux Frères vers la GLNF.
La Grande Loge de France est une fédération de Loges travaillant toutes au Rite Écossais Ancien Accepté. Elle se considère comme une obédience régulière, puisqu'elle travaille à la gloire du GADLU, laissant à ses membres la liberté de le définir. Les maçons y font des planches plutôt symboliques et travaillent des questions à l'étude des loges (parfois sociales). Un convent annuel réunit les délégués de 800 Loges. La GLF a une revue trimestrielle, organise des conférences et des colloques. Avec ses 30 000 Frères, elle est très active.
La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra
Cette crise à la GLNF n'est pas la première. En 1958, des Frères, qui estiment important d'avoir des relations avec le reste de la franc-maçonnerie française, fondent « La Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra ». Pourquoi Opéra ? Parce qu'au début, c'était GLNF-Opéra, du nom de la station de métro la plus proche de leur lieu de réunion.
La GLTSO compte 4500 membres dans près de 300 loges. Elle travaille à la gloire du GADLU, est masculine, pratique officiellement le Rite écossais rectifié, ne reçoit pas les femmes.
La Loge Nationale Française
Il s'agit d'une toute petite obédience, créée en 1968, issue de la fusion de 3 loges de la GLTSO. Elle compte 300 membres répartis dans 25 loges et possède 8 loges d'études et de recherche. Elle ne cherche pas à grandir. Son seul but, je cite, est « d’approfondir les sources historiques et les fondements de la tradition maçonnique et ceci, avec une structure administrative réduite ».Elle travaille avec 3 rites, le rite français traditionnel, le Rite Écossais Rectifié, le rite émulation. Elle vient de rompre ses relations avec la Grande Loge de France.
Le Grand Prieuré des Gaules :
Il a été créé en 1935, regroupant de francs-maçons chrétiens. Il s'est rattaché à la GLNF entre 1958 et 2000. Il a depuis récupéré son indépendance. Il regroupe un millier de frères répartis en une cinquantaine de loges. Le Grand Prieuré des Gaules, organisation maçonnique et chevaleresque a pour fondement la Foi en Dieu.
Je m'arrêterai là, pour l'énumération.
Maintenant, il faut savoir que depuis le 15 juin 2013, il y a une Confédération Maçonnique de France, créée par 4 obédiences, la GLDF, la GLTSO, la GLAMF et la GLIF et ce, à l'initiative de la GLDF qui répondait ainsi à l'appel de Bâle signé des cinq obédiences européennes qui ont démis la GLNF.
Voici un extrait de cet appel de Bâle :
Parmi tous les acteurs potentiels de ce processus de recomposition un rôle majeur pourrait revenir à la Grande Loge de France que les cinq Grandes Loges estiment depuis longtemps avec considération en raison de la qualité des frères qui la composent et du travail rituel qui y est accompli. Elles savent que depuis toujours la volonté de rejoindre la chaîne universelle régulière y est vivace.
Les cinq Grandes Loges considèrent donc qu'une chance historique est venue pour cette Grande Loge de concrétiser cette aspiration en assumant tous les choix que cela implique, à savoir en particulier :
- de continuer à œuvrer dans le respect des principes fondamentaux de la Franc-maçonnerie régulière ;
- de rompre sans ambiguïté avec les Obédiences non régulières;
- d’observer les us et coutumes internationaux en vigueur entre une Grande Loge et un Suprême Conseil. Les cinq Grandes Loges s’engagent à la soutenir et à la conseiller dans une telle démarche et se déclarent partant prêtes à entamer les négociations avec elle en vue, le cas échéant, de sa reconnaissance future.
Et voilà la situation actuelle : deux obédiences, La GLDF et la GLTSO qui avaient des relations privilégiées avec la maçonnerie adogmatique, qui étaient membres, l'une comme l'autre de la « Maçonnerie Française », membres fondateurs de l'Institut Maçonnique Français, semblent vouloir quitter tout cela, pour l'hypothétique reconnaissance de la GLUA.
L'implication immédiate est l'interdiction de toute visite des uns aux autres.
A la création de cette Confédération, le Conseil de l'Ordre du GODF a publié en date du 29 juin 2012 le communiqué suivant :
Le Grand Orient de France a pris connaissance de la déclaration de la Grande Loge
De France du 13 juin 2012 qui, après la déclaration de Bâle, manifeste son désir et
son besoin de reconnaissance dans sa régularité. Le Grand Orient De France n'est
pas, à l'évidence, dans cette démarche.
Il ne tient sa régularité que de sa propre histoire et de celle de la maçonnerie. Il ne
brigue aucune reconnaissance d'autres institutions qui s'autoproclament gardiennes
de la « pure tradition de la franc-maçonnerie universelle » et érigent, comme ailleurs,
la pureté au rang d'un principe d'exclusion, d'opprobre, voire de rejet.
Cependant, le Grand Orient De France appellera, dans ce que certains imaginent
déjà comme une recomposition du paysage maçonnique français, l'ensemble des
frères et des sœurs, lesquelles sont exclues de facto de la « tradition maçonnique »,
à s'unir dans la diversité de leurs obédiences et de leurs rites, pour revenir à la
réalité et à la modernité de l'initiation et de ses fins.
Pour le Grand Orient De France, il ne s’agit de fonder quelque religion que ce soit
dans un modèle suranné qui a montré ses limites depuis longtemps, mais de
promouvoir dans une démarche humaniste, basée sur le respect de la diversité, une
méthode maçonnique qui peut fonder, à terme, une culture alternative pour nos
sociétés.
Car le but ultime n'est pas la satisfaction de quelques-uns dans la pratique des
« principes fondamentaux » de tel ou tel rite, mais bien la reconnaissance de la
dignité de tous les membres de la famille humaine.
J'ai envie de m'arrêter là, mais le suivi de l'actualité maçonnique m'oblige à rajouter que depuis, la Confédération a proposé que tout Frère adogmatique souhaitant visiter devrait signer un engagement en 7 points. Le GODF a réagi en précisant qu'il n'était pas question de signer quoique ce soit. La GLTSO semble vouloir faire marche arrière.
Ce qui est sûr, c'est que le dialogue n'est pas rompu entre la GLDF, la GLTSO et le Grand Orient.
Ce qui est encore plus sûr, c'est que le GODF a des préoccupations autrement plus sérieuses que ces querelles d'obédience.
Pour écrire cette planche, je me suis servie du Que Sais-je de Roger Dachez, Histoire de la Maçonnerie Française. J'ai visité Wikipedia en recoupant ses informations avec celles de Dachez, et celles diffusées par l'Institut Maçonnique Français, par toutes les obédiences dont j'ai parlé. J'ai découvert ainsi quelques petits arrangements, sans gravité, avec l'Histoire, celle des dates et celle des faits.
J'ai dit.
Mes sources :
Histoire de la Maçonnerie Française de roger Dachez
Dictionnaire de la franc-maçonnerie de Daniel Ligou
Wikipédia (portail de la franc_maçonnerie)
Consultation de tous les sites de toutes les obédiences citées
Site de l'Institut Maçonnique de France
Quelques blogs bien documentés (celui d'un frère du GODF, «Sous la voûte étoilée», et celui de l'Express « La Lumière »
Mémento des sigles
AMF Association de la Maçonnerie Française
CMF Confédération Maçonnique de France (2013) regroupant
FFDH Fédération Française du Droit Humain
GADLU Grand Architecte de l'Univers
GLAMF Grande Loge de l'Alliance Maçonnique Française
GLDF Grande Loge de France
GLFF Grande Loge Féminine de France
GLFMM Grande Loge Féminine Memphis-Misraïm
GLIF Grande Loge Indépendante de France
GLMF Grande Loge Mixte de France
GLMU Grande Loge Mixte Universelle
GLNF Grande Loge Nationale Française
GLTSO Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra
GLUA Grande Loge Unie d'Angleterre
GODF Grand Orient de France
LNF Loge Nationale Française
Plat en faïence au décor maçonnique, Lyon, XVIIIe siècle, musée de la Grande Loge de France, Paris.